2 Chainz est cet espĂšce de personnage amusant et exhubĂ©rant qui nous manque vite. Pourtant il n’a pas cessĂ© d’ĂȘtre prĂ©sent depuis B.O.A.T.S. 2 : l’album Collegrove en partenariat avec Lil Wayne, entre deux les mixtapes Trapavelli Tre et Daniel Son; Necklace Don, et tout plein de featurings qui coĂ»tent 6 chiffres , mĂȘme sur le dernier album des De La Soul ! Puis encore ces playlists sur Spotify nous prĂ©parant psychologiquement Ă Â Pretty Girls like Trap Music. Le stratagĂšme de l’ex-Tity Boi des Disturbing Tha Peace a fonctionnĂ©Â au point de rĂ©clamer cette dose de trap.
2 Chainz c’est le genre de gars qui reste fun mĂȘme quand il veut ĂȘtre pas drĂŽle, parce qu’enfin, il donne l’impression de faire les choses sĂ©rieusement, bien ce que ça paraisse relatif avec lui. Sur le premier morceau « Saturday Night« , le rappeur de College Park rĂ©pĂšte sur le refrain « I hit the trap today, I’m gonna hit the club tonight »Â et c’est lĂ qu’il rĂ©vĂšle sa philosophie, celle d’un ancien hustler devenu rappeur Ă succĂšs qui possĂšde la libertĂ© de faire ce qu’il veut, y compris avec la trap music. En parlant de son passĂ© de dealer, il Ă©voque cette vie dingue et cette ascension irresistible sur le trĂšs sombre « Riverdale Rd » (limite horrorcore niveau ambiance). Une fois passĂ© ce rĂ©cap, 2 Chainz ne laisse aucun rĂ©pit comme pour un excellent mix de DJ sur le thĂšme de la trap, Ă commencer par « Good Drank » (la connexion avec Gucci Mane et Quavo), le codĂ©ĂŻnĂ© « 4 AM » (avec l’androĂŻde Travis Scott) ou le bassy « Door Swangin« .
2 Chainz en a vraiment rien Ă battre de ce qu’on pense, le mec est trop haut et pas qu’en taille. Sur « It’s a Vibe« , il avoue « my ego so enormous like my crib in California » et enchaĂźne les lancers 3 points (« Got a vibe, make an Asian want hibachi / Got a vibe, make Italian want Versace ») pendant qu’on s’enjaille avec les passages de Ty Dolla $ign, Trey Songz (qui n’a pas manquĂ© de parler de « pussy drippin' ») et Jhene Aiko. Mais pour rester Ă ce niveau, il a fallu qu’il rappe un peu plus franchement, bousculĂ© par toute cette jeune gĂ©nĂ©ration de rappeurs turbulents qui prennent de la place et c’est pas Ă©vident quand on a 39 ans (sauf quand on s’appelle Jay-Z, Ice Cube ou Nas).  Et il n’est pas si cool avec eux quand il sort « fuck all that mumble shit » sur « Realize » avec Nicki Minaj (qui place un petit tacle Ă Remy Ma avec « did Nas clear that Ether record? »), pas le seul titre spleenesque si on compte « Poor Fool » servi par Mike Will avec Swae Lee impeccable au refrain. Mike Dean et Buddah Bless font du trĂšs bon taf aussi, Da Honorable C.N.O.T.E. Ă©galement avec le trippant « Rolls Royce Bitch« .
Non, il n’est parfois pas tendre le 2 Chainz. Il remet des gamins Ă leur place sur « OG Kush Diet » en mode « faites pas chier j’ai pas envie de m’amuser » (« your favorite rapper has no talent », mange ça) mais donne du crĂ©dit aux migos en balançant « Sippin‘ quavo, ridin’ offsets, guess I’m ’bout to take off », le trio incontournable que l’on retrouve sur le cloudy « Blue Cheese« . Enfin, Pharrell apporte des couleurs et de l’exotisme sur « Bailan » aprĂšs des « Trap Check » (notez l’extrait d’instru de « ASAP » de T.I.) et « Sleep When U Die« , deux titres qui enfoncent dĂ©finitivement le clou final dans le plancher de la maison-piĂšge Ă l’atmosphĂšre au pire sordide. Et ce tout en Ă©tant divertissant. Gucci, weed, lean, grosses bagnoles, balles rĂ©elles… tout y passe et paraĂźt que ta copine va kiffer. Ah, pour le sample de flĂ»te sur « Big Amount » avec Drake, il date de la mixtape Necklace Don, soit bien avant que ça redevienne uber tendance avec « Mask Off« . Il a reniflĂ© le truc avant tout le monde.
La trap jeu, 2 Chainz est passĂ© maĂźtre en la matiĂšre en dĂ©crochant sa ceinture d’or quatriĂšme dan avec ce trĂšs efficient Pretty Girls Like Trap Music. Pas mal du tout pour quelqu’un qui a dĂ©marrĂ© sa carriĂšre solo sur le tard et qu’on a pas trop pris au sĂ©rieux au dĂ©part, comme un dĂ©conneur juste lĂ pour amuser la galerie dont les dĂ©fauts sont devenus des qualitĂ©s. Il a rĂ©ussi et ça fait sourire. « Burglar Bars » qui achĂšve l’Ă©coute rappelle Ă quel point des personnes comme moi avaient tort. Le piĂšge fonctionne bien, les trap houses vont faire flamber l’immobilier.