Essayons de faire comme si Lupe Fiasco n’avait jamais sorti Lasers. Mmh facile à dire, le mal est fait et ancré profondément. Alors faisons comme si nous ne l’avions jamais écouté? Bah trop tard… Espérons que Food & Liquor II le remette dans le droit chemin alors. Car cette [je-ne-trouve-pas-les-mots-pour-exprimer-cette-infâmie] que fut Lasers a fait passer Lupe de rappeur modèle, qu’il est très vite devenu avec Food & Liquor puis The Cool, à un celui d’un banal rappeur ultra-commercial du même acabit qu’un Flo Rida. Ce nouvel album a un véritable enjeux : reconquérir sa fanbase et de ce fait, récupérer la place qu’il a perdu, celle du rappeur rebel-intello-visionnaire et extrêmement doué avec une conscience politico-sociale. C’est faisable. Cependant sous-titrer Food & Liquor 2e du nom avec The Great American Rap Album c’est exagéré non? Chronique du ‘black album’ de Lupe Fiasco….
Les différents singles semblaient présager du bon, pas autant qu’avec ses deux premiers chefs d’oeuvre mais c’était bon à prendre. Sur « Bitch Bad » pour commencer, Lupe montre qu’il a toujours ce don de pouvoir narrer des situations pour exposer des sujets chauds, comme ici l’image des femmes dans le rap chez les jeunes et les confusions que cela engendre. L’instrumental de « Lamborghini Angels » nous fait planer sur les vagues de synthétiseurs. En revanche, je ne vois pas quelle controverse il y a derrière les paroles cette chanson… La seule polémique qu’il ait créé, c’est d’avoir samplé l’ultra-classique « T.R.O.Y. » de Pete Rock & CL Smooth sur « Around My Way » sans leur accord préalable. On ne portera pas trop attention à ses déclarations sur Barak Obama ou ses propos post-clash avec Chief Keef, disant vouloir arrêter le rap (comme si ce n’était ni la première, ni la dernière fois qu’il évoquait sa retraite anticipée). Bref, « Around My Way (Freedom Ain’t Free) » est très agréable à entendre de part la nostalgie qu’il reflète, rappelant aussi de quel environnement difficile provient le rappeur de Chicago. A l’inverse, rien à tirer de « Battle Scars » (prod Pro Jay) avec le refrain pop de Guy Sebastian, sorte d’alternative à Bruno Mars.
Avec Food & Liquor II, Lupe Fiasco envoie des messages universels dans ses morceaux pour se placer en leader d’une jeunesse qui se revendique. Sur « Bitch Bad« , ce sont la place des femmes, « Around My Way » le prix à payer pour avoir un semblant de vie normale, le métaphorique « Cold War » pour ses références historiques, bien entendu « Unforgivable Youth » la place des jeunes aujourd’hui ou alors « Audubon Ballroom » sur lequel il scande fièrement « black people, we’re not niggas », histoire de ne pas laisser les consciences s’endormir sur les habitudes. Niveaux beats, la circonspection est de mise. Les productions synthétiques demeurent globalement très mainstream (« Brave Heart« , « Battle Scars« ,…). On a même droit à des bons titres r&b un peu hors-sujet, « Heart Donor » feat Poo Bear et « How Dare You » avec Bilal commis au refrain. Bon, okay, c’est pas pire que les trucs électro de Lasers on est d’accord… L’apport des 1500 or Nothing n’en est pas moins bénéfique (« Put’Em Up« ). Ravi de voir que Soundtrakk, un de ses fidèles producteurs, est de la partie (« Strange Fruition« , bon morceau au passage).
Le plus frustrant dans tout ça, c’est que sur le fond, Lupe Fiasco a remonté la pente sans trop d’efforts bien qu’il n’ait pas totalement recouvré l’inspiration de ses débuts, sur la forme par contre… Le meilleur album rap américain? A une autre époque, sur une autre planète, il aurait pu y prétendre mais là, pas avec cet opus qui ne s’affichera sûrement pas dans le top10 des albums rap de 2012. Rien de dramatique non plus, ça ne pouvait pas être pire que Lasers mais on aurait pu s’attendre à bien mieux. Qu’a-t-on maintenant à espérer avec la seconde partie de F&L2:TGARA qui arrivera courant 2013?
A sa décharge je te corrigerais en disant que le titre réel de l’album n’est que « Great » et non « Greatest » ;) Reste que sur le fond de la chro je suis d’accord. De plus, même comme ça ce titre dessert doublement un album pourtant bon, mais loin d’être une « grande suite ». Food & Liquor 2 ? Ah… plus à Robert qu’à Redford alors. Le plus étrange reste que je n’ai pas trouvé de titre qui m’a autant fait kiffé que All Black Everything sur Losers (sic).
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