Ça fait beaucoup de bien de ressortir un vieil album rap de la bonne époque, que ce soit par nostalgie ou parce que le hip-hop, c’était mieux avant comme on entend souvent. Des fois, on se dit que ça serait bien d’écouter quelque chose de nouveau mais qui soit la réminiscence de cette époque de l’âge d’or pour se ‘détoxifier’ (ne cherchez pas ce mot dans le dico, c’est un néologisme) des polluants synthétiques dans la musique rap d’aujourd’hui. Je vous propose une cure avec Change of Atmosphere de Dela, enfin disponible sur le réseau français en licence sur le petit label PadBleM (qui a sorti les projets de MIL, Ed&Enz et bientôt BluMonk) et distribué par JustLikeVibes. Amoureux de l’esprit Native Tongues, bienvenue sur Atmosphere Airlines.
Vous êtes confortablement installé ou alors tranquillement en train de déambuler en ville les écouteurs sur les oreilles, molletonné par des productions sensiblement inspirées des Tribe Called Quest, Lord Finesse, Pete Rock et Jay Dee et la crème des emcees américains underground et même mainstream. On prend son pied, on est même étonné que l’on puisse reproduire de nos jours ce qui faisait à cette époque clé de la décennie passée, avec ces Rhodes, saxophones,… Et vous le serez bien plus si vous appreniez ceci de Dela, le producteur : il est français, plus exactement originaire de Cergy-Pontoise. Tout d’un coup, on redevient chauvin lol. J’en profite pour faire une déviation vers l’article ‘Dela Hip-Hop Soul’ sur Streetblogger, où j’interviewe l’intéressé sur sa situation et son projet, en espérant que c’est suffisamment intéressant à lire. Tout ça pour dire que Dela est un cas rare et que sa musique hip-hop est magique.
Le plateau d’invités est l’indicateur le plus révélateur de la qualité indéniable de Change of Atmosphere : J-Live, Supastition, J.Sands des Lone Catalysts, Termanology à l’aise avec les Queens Connex sur le laid-back sur « Stress » qui scratche du Q-Tip, l’expérimenté Large Pro pour un « Chill » bien cool, la nouvelle génération représentée par Naledge des Kidz In The Hall et Blu, fraîchement signé chez Warner après son incroyable succès dans la sphère indépendante, et même Talib Kweli sur « Live a Long Life ». Clin d’oeil à Detroit grâce à la présence de Elzhi des Slum Village sur « My Nigga » en plus d’un petit hommage à J Dilla avec cette réinterprétation personnelle de « Won’t Do ». La teinte devient beaucoup plus chaleureuse lorsque les Nubians font une apparition très remarquée sur « Veuillez veiller sur vos rêves », l’unique chanson francophone avec le rappeur John Banzai. Une petite pépite.
Si vous avez grandement apprécié des projets du style Clin d’oeil des Jazz Liberatorz ou plus loinWelcome to Soulshine de DJ Cam, sautez-dessus les yeux fermés et les oreilles grandes ouvertes. Dela parvient totalement à nous faire changer d’époque, d’endroit et d’idées. Les émanations de groove urbain issu du golden age nous fait rêver mais tout ceci est bel et bien réel. Et dire que c’est un français qui est à l’initiative de ce projet !

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