Jim Jones « Pray IV Reign » @@1/2


Au début, en 2002, Jimmy Jones n’était pas trop connu dans le rap cainri, c’était le plus nul de la bande des Diplomats. Quelques années plus tard, sa carrière a suivi une courbe croissante, avec comme point culminant son hit « We Fly High ». La hiérarchie au sein des Dipset en a subi quelques bouleversements depuis : Cam’Ron a effacé le numéro de portable de Juelz Santana et Jim, le Capo est aux yeux de tous devenu chef charismatique des Dipset.

Exit le flop cuisant de Harlem’s American Gangster (le contre-plan foireux au American Gangster de Jay-Z), dernier acte de son statut d’indépendant, rien n’a empêché l’ascension irrésistible de Jim Jones. Au top de sa notoriété en 2006, le self-made-man/hustler/rappeur/entrepreneur de Diplomat Records s’est vu offrir le poste de vice-président de Koch Records et une signature en tant qu’artiste chez la maison de disque Columbia, sous la tutelle de Rick Rubin. Sitôt fait, Jim est parti narguer Jay-Z genre « tralalère regarde je taffe avec tes potes, ça te la coupe hein? ».

Pour se lancer dans le grand bain, Jim Jones a fait appel à l’ancien ami de Jay-Z, Dame Dash, pour co-produire exécutivement son disque. La ligue des haters de Jigga au complet, décidément… Même si Jim avance que les Diplomats ont pu trouver un deal chez Roc A Fella grâce à Dame, Jay-Z y était aussi pour quelque chose dans leur réussite mais vous savez, quand deux ex-hustlers businessmen font la paire, avec un troisième qui s’en mêle pour manger la part du gâteau, ça créé des tensions internes qui ont abouti à la fin de la dynastie du ROC (c’est une des raisons du split). Néanmoins, Jim Capo et Dame ne suivent pas la règle du ‘business never personnal’ et ont commencé à faire des provocs envers Jigga leur fond de commerce. C’est bête.

Autre complément pour buzzer, des remixes affreux de « Day N Nite » de Kid Cudi et « Electric Feel » de MGMT, ainsi que le fameux « Jackin’ Swagga From Us » pour souffler sur les braises de son contentieux avec Jay-Z, qui de toute façon le considère que comme un vulgaire moucheron se noyant dans son verre de vin. À force de la ramener de la sorte, il faudra que Pray IV Reign frappe un grand coup. Que de la gueule!

 

 

Jim Jones n’a jamais été un grand rappeur, ni même un bon rappeur tout court. Disons qu’il est comme Diddy avec tenue vestimentaire de rock star qui se la pète. Pas un grand lyriciste, ni un flow du tonnerre, des poches remplies de billets… il a juste le niveau pour placer des rimes. Parce que niveau subtilité, outre le jeu de mot dans le nom de son 4e album (le ‘IV’ pour quatrième qui veut dire ‘for’…), c’est la même que l’originalité : ça frôle les pâquerettes. Ça n’a pas empêché que Harlem: Diary of a Summer soit une bonne sortie, sa meilleure à ce jour. L’enjeu est beaucoup plus sérieux quand on fait partie d’une major, la marge d’erreur est faible. Comme tout rappeur à tube, il faut d’abord un gros tube. Ici en l’occurrence « Pop Champagne ». La recette fonctionne : une prod de Ron Browz tip-top tendance avec son autotune (youpi), du champagne qui coule à flot, un bon couplet de Juelz Santana… Jim a tout compris, pas besoin d’être doué en écriture pour savoir faire un hit. Avec Ron Browz (plébiscité par de nombreux rappeurs comme Busta Rhymes, Fat Joe,…), le hitmaker du moment, Ryan Leslie est l’autre producteur vedette de Pray IV Reign, puisqu’il signe le single « Precious ». Pas mal mais déjà-vu.

Comme tout album dont le tracklisting suffit à deviner son contenu (parler de pétasses, du tout plein d’argent qu’il a, de son swag, etc…), on comprend vite que Jimmy n’a pas grand chose à raconter sur son passé, si ce n’est pour conserver un peu de crédibilité dans le hood. « My My My » est peut-être le morceau le plus sincère de Jim Jones puisqu’il y fait occurrence du meurtre de Stack Bundles. « Frienemies » aussi relate ses frictions avec des amis qu’il croyait pote (t’entends Max B?) mais c’est un sujet courant chez les anciens hustlers. Ce titre me fait penser à « Friend or Foe » de Jay-Z sur un instru proche de « A Week Ago », toujours de Jay-Z. C’est marrant de voir que sans lâcher une grosse phrase assassine envers l’intouchable Jayhova, il n’a aucun scrupule pour lui piquer ses idées. L’exemple le plus frappant s’agit de « Medecine », où Chink Santana (seul producteur maison puisque Heatmakerz les boude) recycle le beat de « Jigga What Jigga Who », avec en feat, son protégé NOE dont l’unique talent réside dans son timbre de voix similaire à Jay-Z. Je l’avais déjà noté lors de la chronique de l’album du Byrdgang, de même que la fâcheuse habitude de Jim Jones a faire des ad-libs comme Young Jeezy. En fait, il reprend des trucs chez les uns et les autres et en fait sa sauce, pas la peine d’aller plus loin. 

Plutôt que de se concentrer sur la relance du mouvement Dipset, on est à deux doigts du plagiat. Au lieu d’inviter Cam’Ron, Hell Rell, JR Writer et les autres, Jim Jones préfère faire comme Rick Ross avec « How To Be a Boss » feat Ludacris & Juelz Santana (qui volent la vedette de leur hôte). Il disait que les textes de Jigga et Nas ne se destinaient plus au hood, il sort le truc archi-bateau « This is The Life ». Sans rire. Et quand il est à cours de sons streets (avec des titres recherchés comme « Na Na Nana Na Na »), il se met en mode 50 Cent et balance du r&b avec « Blow The Bank » feat Oshy & Starr, « This is For my Bitches »… Pfffffffff. On retient seulement l’instrumental, le reste, poubelle.

 

 

Comment résumer cette supercherie : entre un Reasonable Doudt version discount et un Hard Knock Life au rabais, avec un triptyque hustler/argent/femmes/swag sur fond de son à moitié r&b et de sons pour les clubs, comme un album low-cost de 50 Cent, et par moment du Nas dans sa période Nastradamus sans encre dans le stylo. Pray IV Reign c’est un peu tout ça : de la flambe, du bling-bling à en foutre la nausée (surtout en cette période de vache maigre), des histoires de hustlers vieilles comme le monde, des instrus soldés et des sujets vus, vus et revus…

Les influences des trois pontes new-yorkais 50 Cent, Jay-Z et Nas sont récurrentes, un comble quand on sait qu’il ne peut pas piffer Hova et Nas (il n’est pas encore en beef avec 50 à l’heure qu’il est), ces MCs qu’il provoque continuellement (et vainement…) pour se faire remarquer dans les média. Mais je suis à peu près sûr que dans sa jeunesse c’était un gros fan d’eux deux et que maintenant qu’il a pris la confiance dans le rap game, il a cru pouvoir se mesurer à eux… mais il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes. On sait tous que Jim est jaloux de Nas et Jigga (et 50?), qu’il envie leur succès et rêve de rejoindre leurs sommets… Si Jim Jones n’est pas fichu de faire mieux que ses légendaires prédécesseurs – dont il s’obstine à cracher sur leur indestructible réputation – à leur pire niveau, c’est qu’il pète plus haut que son cul finalement. Je pourrais résumer en seul qualificatif : lamentable. Il n’y a aucun mérite à reproduire ce que font ses rivaux et des types qui ont leur délire ‘crack’ comme Jeezy ou Rick Ross, et d’une mauvaise façon qui plus est. Il ne faut pas oublier que Jim Jones et les Dipset avaient tenté de copier (pâlement) la trap muzik sudiste il y a un certain temps. Les faits sont là : hormis ses fringues, Jim Jones n’a aucun style, si ce n’est le côté flegmatique de son phrasé.

Cependant, je vais rester cool et admettre que Jim n’est pas arrivé là par hasard et qu’il est capable de tenir la route avec une sortie en major sans être ridicule. Le problème avec lui, c’est que sa personnalité et ses partis pris décident de notre jugement sur sa musique. J’ai essayé de faire abstraction de ces histoires pour la note, que j’estime honnête. Mais si on aime bien Jay-Z et Nas, il y a incompatibilité avec Pray IV Reign, qui se destine aux sympatisans des Dipset et autres haters.

 

 

 

 

 

6 commentaires Ajouter un commentaire

  1. WOPS QG crew dit :

    je n’ai pas grand choses à dire à part que la critique est facile. je me permets de prendre de l’espace…
    jim jones est un bon gars. il fait d’bons sons (pas tt le temps c vrai), il a un bon poste chez koch records, il a d’la tune et voyage. je ne vois pas où est le soucis.
    Le gars sort d’un trés bon crew qui est le Dipset. ce crew a marqué les esprits.
    moi jsuis plutôt admiratif du boulot qui a derriere ses albums. bien sûr ce n’est pas un rappeur de l’envergure de Jay-Z, Nas, Biggie ou je ne sais qui encore… mais le gars relate sont style de vie actuel.
    donc, je ne vois pas pourquoi cette critique rabaissante d’artiste international. il faut se dire que si le mec était si nul et gonflant que ça, il ne serrait pas encore dans le game.

    Now, passons a ma critique (pour le pseudo journaliste critique blogger).
    je ne sais pas d’ou sort le type qui a ecrit se texte, mais c franchement et fraichement de la merde. c’est pas méchant car je ne suis haineux.
    pour etre critique, et ne l’ai pas qui veut, il faut un minimum de connaissance sur le sujet.
    je pense que tu n’a pas su comprendre la musique en elle même et la démarche d’artiste, de rapper.
    tu ne sais pas faire un truc constructif, sans meler ton sentiment de haine envers le gars. man, tu l’as flingué!
    bref…
    plus envie de parler pour rien, si vous etes pas con vous allez capter ske jveux dire en lisant la critique et en ecoutant et suivant la carriere de JOnes. et surtout, pour capter, connaitre certaine réalités…

    I juste want make a milllionnnnnnnnnnn

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  2. Ya Daddy dit :

    Ben c’est beau bande de Haters…sans jimjones y’aurait pas de dipset…ce mec est un excellent businessman de la trempe de Puff Avec un vrai flow bande d’incultes vous faites les haters mais je suis sur que vous dancez sur Fly High comme des suckers que vous êtes … Si Jim Jones a un flow pourri alors ou est votre sens du flow… En France le mimétisme avec les cainris est si fort que même Booba en a fait sa marque de fabrique …, Vendez des albums apprenez la rigueur avant de critiquer l’un des rares gars qui ait laisser une chance a des beatmakers français

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  3. Jones dit :

    Trop nul c’est abusé!

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  4. Y.E.S. dit :

    Catastrophe nucléaire!!!!! Comment peut-on le laisser « rapper »??? Non on atteint le summum du ridicule avec Jim Jones!! Tout est à jeter, passez votre chemin vous ne le regretterez pas!

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  5. HeatMakerz dit :

    Oué vraiment pas bon cet album, assez déçu car Jim Jones arrivait à sortir des albums sympathiques à l’écoute mais là y’a pas grand chose a retenir.
    Assez déçu du résultat au final

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  6. fabolousm dit :

    Ta chronique résume exactement ce que je pensait de lui.
    Pour moi il possede un des flows les plus pourri du rap game avec plies.

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