Fioulala, je croule sous le flot de sorties r&b en ce mois de Décembre. Permettez-moi dans un premier temps de faire l’impasse sur Freedom de Akon, car je le déteste lui et sa musique, purement et simplement. Pas la peine de me supplier, je n’écouterai pas un seul disque de cet imposteur qui fait de la fast-food music juste pour niquer, avec ses singles assenés à longueur de journée à la radio et sur les chaînes musicales. Et a fortiori, il n’y aura pas de chronique de Akon sur mon blog, jamais, même pour dire des méchancetés sur son compte. Rien que d’entendre son « Konvict Muzik » lorsqu’il apparaît en featuring me fait sauter le morceau comme par réflexe.
Je continue de faire le tour des sorties r&b masculin avec Intuition de Jamie Foxx, OnMyRadio de Musiq Soulchild et le troisième album d’Anthony Hamilton, et féminin avec le nouveau Keyshia Cole et le retour Brandy avec Human. Bon et bien je vais commencer par Jamie Foxx parce que c’est le premier qui me tombe sous la main. Sincèrement, je n’attendais pas spécialement cette sortie car son buzz n’est pas aussi omniprésent qu’il y a trois ans, je l’ai juste aperçu en feat avec Ludacris et sur le remix de « She Got Her Own » de Ne-Yo, pis c’est tout je crois. Mais bon, poussé par ma curiosité, je me suis dit « tiens pourquoi pas » et me voilà après une écoute sommaire en train de taper ma critique sur Intuition, troisième album de cet artiste génial aux multiples talents. La mienne d’intuition en tout cas me disait que ça allait être un album r&b des plus ordinaires, je me suis pas trop trompé on dirait.
Je vous explique brièvement le thème sans intrigue du disque (qui justifie cet intitulé) : pour comprendre ce grand mystère qu’est la femme, Jamie va se fier à son intuition masculine pour subvenir aux envies et aux besoins du sexe opposé. Malheureusement pour lui, il n’est pas dans le rôle de Mel Gibson dans Ce que veulent les femmes et il va essayer de se démerder tout seul pour nous fournir la clé de la compréhension du psyché du sexe féminin.
Jamie Foxx démarre logiquement Intuition avec une tactique d’approche, ou tentative d’approche si vous préférez, avec le single « Just Like Me » produit par la doublette Tricky Stewart & The-Dream avec en supplément un couplet de T.I. histoire d’être dans le coup. C’est un bon titre, dans le style r&b formaté qui se fait actuellement, sans plus. Le producteur et le chanteur à la voix fluette remettent ça avec « Digital Girl », un son dansant aux mélodieux synthés du meilleur effet, avec quelques basses pour renforcer le côté dancefloor. Kanye West intervient sur le remix uniquement, disponible sur certaines éditions seulement. Timbaland qui fait du ‘ancier Timbaland’, ça m’intéresse. Pour Jamie, il abandonne son intrusion dans la pop de synthèse pour en revenir avec un groove organique et efficace dont lui seul à le secret. « I Don’t Need It » reprend la bonne vieille formule timbalandienne de la rythmique et la basse ‘faits à la bouche’. La fête continue avec le très lourd (terme à prendre dans les deux significations) banger « Number One » produit par Just Blaze, dont on reconnaît sa patte caractéristique avec cette envolée linéaire de clavier. Lil Wayne lui vole la vedette pendant quelques instants pour nous faire dégoûter de l’autotune une fois de trop. Pire, sur « Blame It », où il est question de ce sentiment de pouvoir oser sous l’effet de l’alcool, on ne reconnaît plus qui est Jamie Foxx ou T-Pain lorsqu’ils (ab)usent de l’autotune. Décidément, il est temps que cette mode s’estompe rapidement, car beaucoup de gens comme moi s’en sont déjà rapidement lassés.
L’interlude fait office de checkpoint puisqu’à partir de ce moment, Intuition change de tournure. Les tempos sont ralentis jusqu’à la fin de l’album. On arrive enfin à entendre le Jamie Foxx que l’on voulait écouter avec « I Don’t Know » sur un rythme smooth et agréable servi par Salaam Remi. La suite avec « Week-end Lover » est pas mal non plus, un morceau léger et idyllique qui ravira les tourtereaux. Tricky Stewart, la nouvelle étoile montante du r&b qui a voué ses services pour Mary J Blige, les Gym Class Heroes, Usher ou encore Mariah Carey, propose trois autres chansons plus ou moins convaincantes : « Why », « Slow » et « Rainman » (qui n’a absolument rien à voir avec le rôle de Dustin Hoffman, c’est une chanson qui fait pleuvoir). La qualité est présente, mais l’âme qu’y met Jamie semble artificielle. C’est trop professionnel pour que ça paraisse naturel, et ça frôle d’un peu trop près la frontière avec la pop. Entre deux, le duo avec Marsha Ambrosius sur « Freakin’ Me » est top, dans le genre low-tempo langoureux qui donne envie de faire vous-savez-quoi. « Overdose » termine l’écoute sur une bonne note. Ce titre produit par No ID n’est pas des plus originaux, il est même relativement traditionnel mais ça fait toujours quelque chose d’entendre une ballade comme celle-là.
Jamie Foxx a voulu montrer qu’il était capable de tout faire, et même trop. Résultat, on ne distingue plus quelle est sa vraie voix, trafiquée à plusieurs reprises en première partie d’album avec « Digital Girl » et « Blame It ». Pour en revenir à la quête de l’esprit féminin, la réponse ne se trouve pas dans cet opus, elle ne s’arrête vraiment qu’au stade de la recherche du sexe féminin et de comment l’entretenir le plus longtemps possible (hum…n’y voyez pas une allusion d’ordre sexuelle, quoique…). Jamie est peut-être un super acteur, hyper talentueux avec une super voix, qui peut convier des meilleurs artistes ou producteurs actuels, mais pour interpréter le chanteur, ça ne suffit pas. Intuition n’est qu’un album de r&b sans réelle conviction et identité musicale.
De toute façon, c’est Raheem DeVaughn mon chanteur soul/r&b de l’année 2008, incontestablement.

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