Clipse « Hell Hath No Fury » @@@@@


Clipse ou l’histoire d’un groupe qui n’a pas marché sur la crotte du bon pied. Annoncé depuis Février 2004, Hell Hath No Fury (Re-Up Gang Records/Star Trak/Jive) aurait pu finir dans un fond de tiroir, tout comme le tout premier essai en 2001. ‘Non, pas une deuxième fois’ s’était-on dit. Mais les deux frérots sont malins, en sortant leur ligne de mixtapes We Got It For Cheap pour garder contact avec leurs fans hardcores et faire patienter. Il aura donc fallu deux ans de négociations tendues avec leur maison de disque pour que leur second opus puisse enfin voir le jour, et le lot de spéculations habituelles avec la brûlante question récurrente : y aura-t-il d’autres noms à la réalisation autre que Pharrell et Chad ? Et bien que nenni, Hell Hath No Fury, c’est un pur produit non-formaté et non-coupé 100% Neptunes. Alors, chaud les marrons car cet Hiver, ce sont les Clipse qui vont faire tomber de la poudreuse.

La formule reste la même que précédemment : Pusha T et Malice parlent de temps en temps de coke dans leurs textes. Et de temps à autre, ils parlent aussi de coke, sans oublier quelques allusions à la coke par diverses ellipses et métaphores. Cela ne leur a pas empêché en tout cas de taper modestement dans le XXL, la note maximale du magasine US du même nom, avec ce format court complété par douze grosses bombonnes de gaz. Hell Hath No Fury commence naturellement par l’hymne du Re-Up Gang, « We Got It For Cheap » et son bon gros orgue qui te souhaite la bienvenue dans leur univers, tout en balançant quelques piques malfaisantes. En bons dealers de son rap made in Virginia, les Clipse rappent comme des crève-la-faim avec leur « cocaïne flows » respectifs dès les présentations. Et nous en tant que futurs ou fidèles consommateurs, on ne demande qu’à goûter leur nouvelle came sans plus attendre.

Enchaînement direct et sans transition sur « Mommy I’m So Sorry », avec en featuring Yvette Horner et Andre Verchuren sous acide pour le petit coup d’accordéon. La tendance de Hell Hath No Fury est clairement épurée au possible, ce qui se confirme dans la suite de l’album. « Ride Around Shining » feat Ab-Liva et « Dirty Money » jouent la carte d’un Hip Hop simplifié au maximum, pur et dur, pour ne pas dire expérimental (surtout de la part des ‘Tunes). Les beats se sont endurcis et les mélodies encore plus sombres : au diable les arrangements superficiels et les lignes de basses ! Tout tourne rond, comme une spirale effectuant des rotations continuellement, jusqu’à nous hypnotiser le sens auditif avec la rythmique neptunienne de « Ain’t Cha », un titre répétitif (une seule note de piano est jouée) mais ô combien accrocheur, qui invite le gang des Re-Up au complet. Remarquez que les phrasés des Clipse sont devenus plus distincts avec le temps, mais surtout plus incisifs et truffés de messages subliminaux.

Définitivement minimaliste, furieusement avant-gardiste, voici le single « Mr Me Too », certes handicapé par le couplet de Pharrell Williams, et qui nécessite plusieurs écoutes avant de rentrer dans le bad trip. Après cette phase d’acclimatation, vous en deviendriez quasi dépendant, pourquoi pas de l’exotisme de « Wamp Wamp (What It Do) » avec Slim Thug. Pareil pour « Keys Open Doors », glaçant le sang tel de la morphine par intraveineuse, avec ce refrain en mode repeat et cette sonnerie cauchemardesque qui retentit dans notre cortex des jours après. Les effets sont inquiétants n’est-ce pas ? Pour ceux qui ont appréciés Lord Willin’, les caisses claires de « Hello New World » paraîtront familières, de même que le chant de Pharrell Williams qui plane en syncop sur des violons aériens. Caisses claires encore, le sabotage des festivités n’en finit pas puisque les Clipse mitraille le « Chinese New Year » de milles pétards, aidés de leur partenaire de crime Roscoe P Colchain, fraîchement sorti de prison.

Il faut croire que tout le monde s’est shooté aux drogues dures pour ce disque, comme Pharrell dans un état second lorsqu’il se déchaîne sur son synthétiseur pour faire la tuerie « Trill ». Pusha et Malice n’ont plus qu’à cracher leur venin avec une maîtrise redoutable sur cet instru électro sulfurique. La touche finale de cet opus, elle vient d’un Bilal sombrant dans la mélancolie, achevant avec « Nightmare » un album riche en idées noires. Hell Hath No Fury, en vente dans toutes les arrières-cours des drugstores.

(chronique écrite par Jaylinx et retravaillée par mes soins, le 19 Décembre 2006)

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