Houston, nous avons un problème. Son nom : Slim Thug. Son label : Boss Hogg Outlawz. Son partenariat : Star Trak. Sa maison de disque : Geffen/ Interscope. Ses producteurs : Mr Lee et The Neptunes. Sa clique : Boyz N Blue. Sa hometown : H-Town.
Ce futur ponte du Dirty South a fait ses classes parmi Micheal Watts, patron de SwishaHouse, et feu DJ Screw, le même promoteur qui a remarqué Lil Flip. Avec ses compères Paul Wall et Mike Jones (who ?), ils ont à trois signé à eux trois le gros carton de l’hiver 2004/2005 « Still Tippin’ » qui les a fait connaître partout hors des frontières du Texas. Avec sa signature sur Geffen, Slim Thug était d’avance promu au rang de super artiste. Il s’autoproclamait déjà Boss Of The South grâce aux ventes faramineuses de ses mixtapes à H-Town, consacré platine dans le milieu underground. Ce qui a donné l’idée d’appeler son premier disque en major ‘Already Platinum’, avec en renfort les Neptunes et le producteur local Mr Lee à la production de ce rookie de l’année 2005.
Tout avait l’air de super bien fonctionner en 2004 pour Slim Thug jusqu’à ce que son disque se fasse bootlegué sur le Net. Il a fallu donc repousser la date de sortie encore et réenregistrer des morceaux. Donc aux oubliettes les « Chicken Strip », « Problematic », « Do It For U », « Too Clean » des Neptunes ainsi que « Love This Game » signée Rick Rubin. Le buzz créé à partir des singles « Like A Boss », « Incredible Feelin’ » (prod. Jazze Pha) et surtout « 3 Kings », featuring le King Of The South T.I. et le Underground King Bun B, n’auront pas servi à grand chose finalement. Mais l’espoir revint pour ceux qui commençaient à apprécier le grand bonhomme à la grosse voix lorsque la sortie de ‘Already Platinum’ fut programmée pour Juillet 2005. Aux Etats Unis en tout cas car l’album était difficilement trouvable en France, à moins de le commander en import (NdR, il aura été finalement distribué des mois plus tard).
Pour faire remonter la sauce, Pharrell Williams a revu « I Ain’t Heard Of That » en rajoutant ‘remix’ au bout et un couplet de Bun B. Pour la petite histoire, l’instrumental de ce morceau devait servir au remix de « Change Clothes » de Jay-Z, où Slim Thug devait rapper en tant que featuring. Seulement, le Boss s’est retrouvé seul sur le morceau et a donc repris le refrain de Jigga pour donner « I Ain’t Heard Of That », et puis donc ce remix servant de bon single radio. Avec « Like A Boss », ses deux morceaux démontrent que les Neptunes ont su tailler des productions à la hauteur du rappeur de près de 2 mètres. Elles accentuent d’autant plus ce quelque chose qui rend Slim Thug impressionnant, ce truc qui émane de son statut, sa voix et son flow plus que ses lyrics. Une de ses autres caractériques notable vient de son accent typique, allongeant certaines syllabes ou voyelle (comme les ‘O’ sur ‘boss’ prononcé ‘baws’).
Le but de Slim Thug n’est pas seulement de devenir un boss dans le rap game mais de faire partager son goût prononcé pour la screw music (voix, instrus ou tempos ralentis voire déformés). Sur « Already Platinum », Slim ralentit volontairement sa voix pour donner un meilleur effet à son style, façon screwed and chopped. Pharrell y signe par l’occasion sa seule apparition officielle au rap. Le splendide « This Is My Life » a été remixé aussi pour l’embellir plus que la version ‘advance’. La grosse tuerie des Neptunes reste « Click Clack » et son beat martelé et imprévisible. Slim Thug en impose même sur des up tempos stressants, accompagné par Pusha T des Clipse.
Côté son plus typique de Houston, il faudra se caller l’intro « Welcome To Houston » monumentale et le monstrueux downtempo « Diamonds » (prod. Mr Lee) et son refrain à la « Back Then » de Mike Jones, c’est-à-dire des paroles rappées au ralenti. Le concept de « Interview » est pas trop mal non plus, où Slim Thug répond naturellement par des rimes à la journaliste en question sur une production de Sha Money XL. Pour certains, le sample rappellera « Poppa Was A Playa » de Nas (à défaut, « Les Bad Boys de Marseille » d’Akhenaton et la FF). Les Cool & Dre se partagent le romantique « Miss Mary », dont le thème de la femme jamaïcaine (vous m’aurez compris) reste maintes fois revu.
Avec les membres de la clique de Swishahouse, Slim Thug perpétuait et restait fidèle à la musique qui l’a adopté. Trop tard si vous n’aviez pas remarqué l’absence de Mike Jones et Paul Wall sur ce CD. Et même si son succès restait mitigé et fort discutable (l’album a été « only gold »), peu importe, le rappeur était déjà platine dans sa vie d’avant et consacré rookie Dirty South 2005. Bon boulot de la part des Neptunes encore qui ont su complètement créer des instrumentaux parfois méconnaissables, celles de Mr Lee étant plus caractéristiques de H-Town. ‘Already Platinum‘ demeure un bon gros disque sudiste qui ne renie en aucun cas la screw music contrairement à un certain Lil Flip.