Lil Kim « Hard Core » @@@@@


Jusqu’à la moitié des années 90, les rappeuses formaient une toute petite minorité. Pour ne citer que les plus connues : MC Lyte, Queen Latifah, Lady Of Rage,… Respectées dans le milieu Hip Hop, elles furent vite rabaissées par l’arrivée du gangsta rap et ses propos machistes à outrance. L’image de la femme n’était plus vraiment ce qu’elle était. C’est à ce moment là que fait surface Kimberly Jones, plus connue sous le pseudonyme de Lil Kim pour envoyer son talon pointu dans les valseuses du rap masculin en entrant mettre le bordel dans la garçonnière.

Membre des Junior MAFIA et parrainée par Notorious BIG qui lui a tout appris (le plaisir de la chair et le rap), la petite Kim va prouver à tout l’audit du soi disant sexe fort qu’on peut devenir platine sans être blonde. La réponse arriva en Novembre 1996 avec ‘Hard Core’, s’autoproclament dès lors ‘Queen Bee’ (‘reine des abeilles’) pour ne pas dire autre chose de peur d’en offusquer certain(e)s (‘Queen Bitch’ pour reine des sal****). Pas si sage la petite Kim comme elle le dit sur « Big Momma Thang » en rappant « I use to be scared of the dick/ now I throw lips on the shit/ handle it like a real bitch » . Sur cet extrait, elle fait le poids avec l’invité d’honneur Jay-Z, bataillant à rimes égales. Sa rivale directe de l’époque, Foxy Brown, en prend pour son grade sur le refrain de manière subliminale : « You wanna be me/ that queen bee that you can’t be/ that’s why you mad at me » . Aussi un des tubes de l’été 97.

Lil Kim n’est pas qu’en l’apparence une poupée facile qui se joue des mecs, c’est une image très trompeuse qu’elle manipule à l’envi. Elle n’a pas seulement bien compris la chose selon laquelle « pussies make the world go round », elle est aussi lyricalement très douée et son flow aussi piquant qu’une rose venimeuse qui a grandit sur le bitume, un flow qu’elle a aspiré à son mentor Biggie. ‘Hard Core‘ (en deux mots) possède d’ailleurs une signification plus qu’ambigüe. On connaissait les rappeurs (mâles) hardcores, les costauds élevés dans la rue qui parlaient d’une réalité crûment, sur cet album ces mots possèdent en plus cette notion de ‘hardcore’ comme on l’entend en pornographie mais aussi « coeur dur » pour traduire littéralement. Ce qui fait sens parce l’ambiance de l’album est en majeure partie du mafioso rap.

Dans le rayon des morceaux classiques extraits de ‘Hard Core’ figurent « Crush On You » entièrement interprétée par Lil Cease, sauf le refrain laissé à Biggie et Kim (on retrouve de nouveau leur relation mentor-amante), et « Not Tonight » produite par Jermaine Dupri pour la version originale. On dit toujours que les filles ne savent jamais ce qu’elles veulent. Sur cette dernière, elle lâche « It was about this dude I couldn’t stand/ Something that could made his ass a real man/ Something I wanted but I was never pushy/ the motherfucker never ate my pussy » . Pas sexe, juste un cunni, merci. Sur le remix signé Track Masters samplant « Ladies Night » des Kool & The Gang, on retrouve les surchauffées Da Brat et Missy Elliott.

L’omniprésent Notorious BIG doté de sa voix de crooner chante le refrain du très bon « Drugs » sans faire trop d’ombre à sa petite protégée. Si BIG avait des envies de se faire une chanteuse r&b, la ‘femcee’ lui rend le clin d’œil coquin sur « Dreams » en tournant le rime en « dreams of fucking r&b dick », en ne manquant pas de faire du name-dropping (D’Angelo, R Kelly, New Edition…). Son personnage de fille à l’appétit sexuel s’affiche sans aucune pudeur sur le titre « Queen Bitch ». Pour l’anecdote, la boucle de piano a été reprise par sa grande copine Mary J Blige sur « I Can Love U ». Lil Kim rend aussi la réplique aux mâles de la Junior MAFIA sur « We Don’t Need It » en renvoyant les boules dans leur camp sur le refrain.

Plus introspective sur « MAFIA Land », elle relate son passé difficile pour arriver à l’artiste qu’elle est devenue désormais, justifiant son côté parfois rude et sévère. Toujours pour rester dans les attaques verbales et sujets sérieux, le Bad Boy Puff Daddy s’assure le refrain suivant « I got no time for fake niggas/ Just sip some cristal with with these real niggas/ From east to west coast spread love nigga/ And while you keep talkin shit we countin bank figures » en pleine guerre East/West. Il était assez étonnant de constater que Lil Kim n’était pas signée chez Bad Boy Records, on peut compter en revanche sur l’apport des Hitmen.

Hard Core’ a le mérite d’avoir bousculé les esprits aussi bien de la gente masculine que féminine et son impact s’en ressent toujours vingt ans plus tard. Et surtout, ne sous-estimer pas les talents et le message de ce petit bout de femme libre et libertine malgré ses frasques publiques qui alimenteront la controverse (qui faisait aussi sa publicité donc…). Lil Kim est devenue plus qu’un fantasme érotique, elle est la pionnière d’une génération de rappeuses décomplexées.

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