Un peu avant les années 2020, de nombreux rappeurs se sont mis à rouler sur les traces de gomme de Curren$y en adoptant une conduite similaire : une vibe tournant autour de la ride et plusieurs projets annuels à la transmission par chaîne. Jay Worthy à L.A., Le$ au Texas et à San Francisco, il y a ce Larry June qui a commencé à circuler dans sa ville, puis partout ailleurs grâce aux plateformes de streaming. Son audience grandissait, se fidélisait et suivait au fur à mesure de ses jus frais et balades automobiles. Ce possesseur de Corvette C4, Mercedes-AMG et 911 a peaufiné son style pour en arriver en Aout 2022 à Spaceships on a Blade, son solo le plus abouti à ce jour.
Il faut dire que Larry a un style bien à lui, plus rien à voir avec le mec des débuts qui copiait T.I.. Son flow a ralenti, proche mumble-rap, il a ses petits gimmicks (« hey hey hey hey… »), ses refrains reconnaissables, et il surfe sur ce son westcoast néo-rétro qui embrasse allègrement le funk et r&b des années 80 (cowbells, claviers ‘fluo’ et moog garantis). Pas étonnant de retrouver des producteurs comme Cardo, Sean House et DJ Fresh qui sont des spécialistes du genre. Et solo le plus abouti de sa carrière comme je disais dans la présentation, car non seulement celui-ci a le format et la durée d’un album standard (ce qui n’était pas le cas auparavant), ce projet est véritablement le fruit d’une progression par petites touches et d’un travail plus attentionné, une DA plus « plus » tout en restant fidèle à lui-même. Le standing des invités (Curren$y sur « 5.0 Chronicles », 2 Chainz, etc.) et de certains producteurs (Jake One qui démarre l’album, DJ Khalil) en attestent également.
Un des petits trucs à Larry June, c’est de faire des morceaux sur des endroits qu’il traverse, ici « Corte Madera, CA ». Son autre petit truc, c’est quand le rappeur se met à pousser la chansonnette façon fan de r&b, avec un coup de coeur obligé sur « I’ll Make Time » (en mood « Anytime, Anyplace » de Janet Jackson un peu) et « For Tonight » avec la douce voix de SYD (The Internet). L’ambiance générale est très, très cool, smooth et posée. Point d’orgue, cette collaboration avec Alchemist sur « Breakfast in Monaco » qui apporte une forme d’élévation avec ces violons aériens. Et lorsqu’un rappeur commence à faire des morceaux sur des villes européennes, c’est qu’il a conscience d’avoir débloqué le badge ‘international’. Ce qui est le cas puisqu’à l’époque de sa sortie, Larry avait entamé des concerts sur notre Vieux Continent.
Quand un artiste sort son meilleur opus à un instant t, on est tous là à se demander s’il peut continuer de faire encore mieux ensuite, ou la même à minima. Ce sera effectivement le cas l’année d’après, avec Alchemist. Une tellement collaboration prouve bien qu’il a du game. Depuis ses débuts, c’est tous les jours le mois de Juin avec Larry, à nous de le motiver dans son hustle.
LA NOTE : 16,5/20
(chronique écrite le 9 novembre 2025)


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