Chroniques Rap, Soul/R&B, Electro…

Conway the Machine « God Don’t Make Mistakes » @@@@


God Don’t Make Mistakes devait être le premier album studio de Conway The Machine, mais le covid et les signatures de contrat ont probablement modifié les plans qui ont conduit le label Griselda Records à sortir d’abord From a King to a God en 2020. C’était sans doute plus opportun de finaliser cet album, qu’il travaillait depuis 2018, alors qu’il était signé chez Shady Records. Pour info, c’est le fils de Conway qui a été pris en photo pour la pochette.

A son tour de briller comme qui dirait, bien que c’était déjà le cas depuis trois ans avec ses mixtapes EIF. Cette signature sur le label d’Eminem était l’occasion rêvée pour Conway de s’affranchir des obscurs murs de Griselda, en y gardant un pied dedans. Impossible d’y échapper pour lui à ce moment-là, avec des morceaux sonnant typiquement Griselda comme « Piano Love » (sur un sample terriblement chelou d’Alchemist), « Babas » avec son orgue morne et la figure imposée « John Woo Flick » avec ses indécrottables complices Westside Gunn et Benny The Butcher. Daringer, le producteur maison, veille au grain. En écoutant « Lock & Load », je m’étais demandé si un membre du G Unit n’allait faire une apparition en feat (ce serait logique vu que Conway était sur Shady), mais c’est le vétéran Beanie Sigel qui surprend son monde avec sa voix fatiguée de mec qui a trop (sur)vécu.

God Don’t Make Mistakes demeure beaucoup plus intéressant à écouter dès lors que le rappeur à la bouche de travers (causé par une paralysie faciale) parle de lui, de sa vie ou de ce qu’il se passe dans sa tête comme sur « Stressed » et « So Much More » (produit par la J.U.S.T.I.C.E. League). Les ‘gros’ featurings qui pèsent lourds dans les finances, Lil Wayne et Rick Ross, posent tous deux sur le réussi « Tear Gas ». « Wild Chapters », servi par Hit-Boy, sort du lot sans déroger au cadre général de l’album, avec un couplet de T.I. qui fait plaisir à entendre alors qu’il a levé le pied sur sa carrière de rappeur. La présence lumineuse de Jill Scott, au chant et au slam, sort littéralement « Chanel Pearls » de l’ombre. On devine aussi en prêtant attention aux lyrics que cet album a été bouclé durant la signature chez Shady Records à l’écoute du morceau-titre placé en guise de conclusion.

En tout cas, sur le plan musical, God Don’t Make Mistakes est haut les mains meilleur que les sorties de son comparse Westside Gunn, qui ne faisait que tourner en rond pendant plusieurs années. Je me rappelle avoir été frappé à sa sortie février 2022 par ce parti pris consistant à s’exposer davantage et sortir du carcan gris de Griselda, de tous ces gimmicks à foison et ces instrus mortel(lement ennuyeux à la longue). On sentait déjà chez Conway the Machine cette volonté de sortir de cette ‘boîte noire’, de voguer vers d’autres horizons sans nécessairement l’exprimer ouvertement. L’ironie voudra que le titre « Drumwork » (avec la brillante rappeuse 7xvthegenius) donnera le nom au label de Conway sur lequel il se concentrera pour son album suivant.

LA NOTE : 16/20.

Postez vos avis!

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.