Bon et ben… c’est pas demain la veille qu’on verra The Greatest Story Ever Told dans les bacs. Faute de mieux, faudra se contenter de ce street-album Warning Shots 2, le premier CD de Saigon depuis… bah Warning Shots sorti en 2005. Hmmm, s’il n’y a que ça à se mettre sous la dent, on se contentera pour l’instant de ce second pré-album de ce newcomer de longue durée dont l’issue paraît de plus en plus incertaine.
On aurait pu s’attendre à une grosse entrée en matière mais ce n’est pas le cas. « Nothing Comes Easy » et « That’s Not What’s Up » (feat G Martin Soul et produit par Scram Jones) ne défoncent pas comme on l’aimerait mais l’aspect soulful des prods et les lyrics de Saigon prennent le dessus, jusqu’au très bon « Fatherhood » sur lequel Sai ouvre son coeur sur cette track destinée à son fils, aidé par un bon refrain chanté de Lokz. C’est après « All Around The World », servi par un beat de K.Salaam & Beatnik (un duo de producteurs très appréciés dans l’underground), que les choses de gâtent. « For Some Pussy » est dégueulasse, « Cookies & Milk » présentant son protégé Young Bombaya est une caricature des tunes down south et les prods du suédois Tommy Tee pourront paraître un peu trop exotiques au goût de certains, même si « Be On Time » est un assez bon titre.
Le milieu de Warning Shots 2 sonne creux et ce malgré l’apport de Buckwild (« Aye Aye Aye ») et Lil Fame des M.O.P. (« Rusty Gunz » produit par Oddisee), exception faite de « Fuck Me, Fuck You » avec Quan (vous vous souvenez, ce mec révélé par Nas sur « Just A Moment ») et Ransom. Il faut attendre « Who Can Get Busy » featuring Grand Puba pour profiter de la première prod de son tuteur Just Blaze, bien qu’elle ne pète pas des masses. On zappe automatiquement le remix moins dégueulasse dee « For Some Pussy » (avec un couplet facultatif de OJ Da Juiceman) et on arrive sur le single « Gotta Believe It » qui permet de passer au niveau supérieur. Pour info, c’est Just qui chante le refrain à l’autotune. Et oui, personne n’a l’air d’y échapper… Et pour l’anecdote, Sai fait ses débuts à la production en co-produisant… « For Some Pussy ». A peine le temps d’écrire ces phrases qu’on arrive déjà à la fin de l’écoute, avec une outro sympathique, à l’image des premières tracks.
Le buzz de Saigon s’estompe, ses morceaux deviennent moins ‘hot’… Qu’est-ce qu’on y peut. Je ne veux pas être pessimiste non plus mais il avait une sacrée grosse opportunité à moment donné et la lassitude de son public commence à peser lourdement. Il aura beau ne pas lâcher prise, je vais finir par ne plus y croire si ça continue comme ça.
Le buzz de Saigon n’est même plus à évoquer tellement son époque est révolue. Il date du début des années 2000, et déjà au moment du premier Warning Shots, plus personne n’y croyait réellement. Alors que dire de ce deuxième volet qui n’entretient même pas la flamme des soutiens de la première heure… C’est juste sans intérêt.
Saigon, comme la plupart des artistes de sa génération qui ont connu leur heure de gloire grâce au business de la mix/street tape, est passé à la case « oubli », faute d’avoir pu enchaîner un premier skeud après les premières salves fourguées sous le manteau.
Papoose et pas mal d’autres pourraient en témoigner, la période qu’ils ont connu étaient dorée pour les glandeurs comme eux, pas capables de plancher sur un vrai projet, mais suffisamment créatifs et sans scrupule pour inonder les rues de tapes plus ou moins foireuses. Ca a aussi correspondu avec l’essor du son du Sud, que les majors ont investi au mépris des espoirs de NY.
Enfin bref, tout ça pour dire que Saigon est rincé, et que plus personne ne croit à son premier opus annoncé depuis 2002 ou 2003. Il a été la coqueluche de XXL pendant des mois et des mois, où chaque titre bâclé sorti à l’arrache figurait dans leur playlist; mais n’a jamais réussi à franchir le cap.
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