Black Milk « Tronic » @@@@½


Après avoir fait forte impression avec Popular Demand l’an dernier, en confirmant tout le bien que l’on pensait de lui en tant que nouvelle sensation de Detroit, Black Milk n’a cessé d’étendre son territoire des quartiers de Motor City (en produisant pour Guilty Simpson, Fat Ray et Elzhi) jusqu’au quartier général d’Aftermath. Et ce par le biais de sa mixtape associative Caltroit avec Bishop Lamont, le protégé de Dr Dre avec qui il est venu en tournée en Europe courant Octobre, laquelle a généré des échos qui se sont propagés comme des ondes de tremblement de terre dans l’underground du centre-nord à l’ouest des Etats-Unis.

Soutenu par toute sa ville et maintenant la Californie, Black Milk se lance dans une nouvelle étape de son évolution avec Tronic (Fat Beats Records), qui comme son titre l’indique dérive petit à petit vers des sonorités électroniques. Comme l’a fait J Dilla avant lui vers 2001/2002. Décidément la comparaison revient une fois de plus avec le défunt producteur dont il assume la succession, bien que leur style de prod n’ont rien à voir. Prêts pour un électrochoc ?

Si vous avez pensé une seconde que ce disque allait être juste une suite sans prétention, vous vous mettez le doigt dans l’oeil. Si dans la seconde qui a suivi cette réflexion, vous avez cru que ce disque allait être un test expérimental d’electro hop, vous vous mettez le doigt dans l’autre œil. Tronic, c’est bien plus que du Black Milk, ni différent, ni un autre. La première piste « Long Story Short » défonce littéralement. Ça commence par de bruits de synthétiseurs, une mélodie de piano et une déflagration. Des monstrueuses caisses claires martèlent nos tympans dans une cacophonie relevée par une ‘symphonie-tronique’ dantesque. Je ne sais pas comment Black Milk fait pour créer des beats pareils, avec quelles machines, car ils font penser un batteur de groupe punk-rock en transe ou à ?uestlove de Rising Down branché sur du 1000 volts. Le fanfaron « Give The Drummer Sum », « Overdose » et le déchaîné « Hell Yeah » feat Fat Ray dégagent une énergie surnaturelle, métallique, froide, du son brut made in Detroit.

L’alternance avec des instrus plus électros n’est pas incompatibl, elle maintient une certaine cohésion. Et quand je dis ‘électro’, ce n’est pas futuriste ou quoi, mais plutôt dans l’esprit ‘retour des années 80’ à la mode. « Bounce », « Holding Out » et l’instrumental « Tronic Summer » nous montre l’étendu du talent de ce jeune producteur/rappeur en pleine croissance. Comme je le disais, il suit parallèlement les traces de J Dilla.

Black Milk a réalisé des progrès remarquables niveau production, c’est incontestable au point de faire passer son taf de Popular Demand pour du beatmaking débutant. L’autre point sur lequel il a fait de nets progrès, c’est sur le MCing : son flow est plus avenant et moins approximatif qu’antan. On s’en rend d’autant plus compte sur le terrible « The Matrix », avant-première plus qu’encourageante de la formation Random Axe composée de Pharaohe Monch, Sean Price et Black Milk lui-même. En supplément, des scratches de DJ Premier sur le refrain. Que demande le peuple ?

Un couplet de Royce Da 5’9 sur « Losing Out », plus traditionnel comme son mais pas moins efficace, et des morceaux d’inspiration soul comme le joyeux « Without U » (feat Colin Munroe) se terminant par une outro veloutée, « RePPiN for U » avec AB (un grin de voix proche de Bilal) et « Try », plus classique avec son sample de voix. Le finish « Bond 4 Life » avec la chanteuse Melanie Rutherford est émane beaucoup de splendeur et de luminosité, quelque chose d’immensément grand, comme les perspectives d’avenir de son auteur. Générique de fin avec « Elec ».

Avec Tronic, Black Milk continue de gravir les échelons avec panache. Il est passé d’espoir d’une ville qui a vu grandir la Motown, Eminem et Jay Dee à une valeur sûre de la scène underground Hip Hop. La prochaine étape sera plus décisive s’il veut conquérir le rap game en surface, il en est parfaitement capable, reste à savoir s’il a les épaules ou les convictions pour. Car une chose est certaine : la nouvelle tendance à Detroit, c’est lui qui l’imprime. Suggestion : à quand un retour des Slum Village produit par Black Milk?

3 commentaires Ajouter un commentaire

  1. escobar56 dit :

    Tronic est un album avec lequel j’ai eu du mal au début car c’est totalement différent de Popular Demand. Mais à force de perséversance j’ai découvert un album bien plus professionnel que le précédent et bien mieux produit. Au final Black Milk nous revient avec un très très bon deuxième opus ce qui lui confère un avenir radieux.

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  2. NWA4LIFE dit :

    Très bonne chronique,
    Sinon pour le skeud il est vraiment très bon on ne peux pas le comparer Popular Demand a Tronic car c’est un univers différent que se soit au niveaux de la productions que lyricalement.

    PS: Random Axe n’est pas plutôt composée de Black Milk, Sean Price et Guilty Simpson et non de Pharoahe Monch?

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  3. plb dit :

    C’est vraiment un excellent album très bien produit il suffit juste d’ecouter l’intro grandiose et dire que « Popular Deamand » c’est beatmaking amateur est super exagéré
    2008 est vraiment son année entre son album avec Fat Ray et le dernier Elzhi (a quand la chronique d’ailleurs???) c’est vraiment le producteur de l’année!!!

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