La Cité du Vent a tout balayé en 2004 avec la tornade qu’a provoquée Kamikaze de Twista, mais un an et demi après ce cataclysme rapologique, The Day After… ne souffla qu’une brise légère. Un pet de travers, une perte de vitesse, peu de rotations (en radio), une direction artistique surfant sur un courant Atlantic trop mainstream… bref, un cyclone de catégorie 1 qui a à peine frôlé les côtes. Le phénomène s’est totalement dissipé.
Le mieux dans ce cas pour un artiste est de revenir sur ses pas et d’arrêter de se fier aux directeurs artistiques, souvent de mauvais conseillers d’orientation. L’annonce de l’arrivée de Adrenaline Rush 2007 sonnait alors comme un soulagement, celle d’une promesse d’un gros album dans la lignée du premier classique du nom (Adrenaline Rush) sorti dix ans plus tôt. Ou au pire dans celle de Kamikaze. De toute évidence, autant le dire maintenant, l’album ne répond pas à nos espérances. Même si son flow crée momentanément quelques rafales avec « Charged » et des bourrasques sur « Pimp Like Me », on se retrouve avec instrus aux rabais et des featurings dispensables, comme un couplet infect de Lil Wayne sur « Whip Game Proper » et des Bone Thugs N Harmony complètement ramollis (« Ain’t No Hoes »). Toxic, le producteur majoritaire de l’album, est capable du meilleur (« Seven Day Hustle » avec son sample très 60s sur un instru suivant un schéma similaire à « Oh Yes » de Juelz Santana), comme du mauvais, la faute à des passages en ‘screwed and chopped’ à outrance et des beats faiblards (« Whip Game Proper », « Wrist Stay Rocky » et « The Come Up »). « Pimp Like Me » est peut-être le seul morceau dans ce délire à s’en sortir, grâce à une rythmique cousine de la house music.
Adrenaline Rush 2007 perpétue les habitudes acquises sur les précédents albums. La tendance se confirme avec la présence des Neptunes sur le tube « Give It Up » (feat Pharrell Williams bien sûr), le traditionnel morceau soulful en compagnie de R Kelly (le très réussi « Love Rehab ») et des standards (certes inégalables) à la « Slow Jamz » avec l’onctueux « Say Say » feat Cee Lo & Jazze Pha (qui fait un clin d’oeil cette fois aux pionniers de la musique rap comme Grandmaster Flash & The Furious Five, Sugar Hill Gang…). La mitraillette Twista nous crible de quelques autres balles, comme « No Pistols » avec son groupe des Speedknot Mobstaz (où la guitare sèche nerveuse joue les métronomes), ainsi que « Creep Fast » avec un étonnant T-Pain. Loin d’être la tempête annoncée par les prévisions, cette version 2007 paraît bouleversée par les changements climatiques au sein du rap game. Des passages éclairs mais sans le tonnerre.
(chronique écrite le 19 Octobre 2007 sur Rap2K.com)