Pour la petite histoire, Indecent Proposal de Timbaland & Magoo devait sortir depuis plusieurs mois et non pas durant ce froid mois de Novembre 2001, alors que Timbaland et Missy Elliott vivaient encore la terrible douleur du deuil de la disparition d’Aaliyah, la chanteuse r&b et actrice qui était comme une sœur dans leur coeur. Entre temps a pu sortir Dark Days Bright Nightsde l’inénarrable Bubba Sparxxx sur Beat Club, label fondé par Timbo, mais comme pour Tim’s Bio, le timing n’a pas été du côté du superproducteur qui a peiné à attirer l’attention du public et de la critique sur ce second album du tandem de Virginia Beach (avant que les Clipse prennent le relais) qui recèle pourtant d’indéniables qualités et trésors de créativité.
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Indecent Proposal annonce la couleur d’entrée : ça va être le feu. Bon, à vrai dire les cuivres qui ouvrent le single « Drop » avec ce gueulard de Fatman Scoop cassent les oreilles mais Tim et Mag’ nous ordonnent avec ce banger de faire la fête et pour nous achever, la prod switche à la fin de la quatrième minute sur un beat house funky. La fête se poursuit sur l’enivrant sample de flûte de « All Y’all », un extrait qui a bénéficié d’un certain succès et qui met en lumière la sublime chanteuse Tweet, qui avait déjà réalisé de nombreux choeurs sur So Addictivede Missy Elliott. On la retrouve sur la ballade triste et glaciale « Love Me » qui s’achève par du vocoder. Restons dans cet état d’esprit festif, quoiqu’un peu sportif avec « Party People » qui réunit deux pros de la vitesse, Twista et Jay-Z, sur une rythmique faussement uptempo et futuriste qui prêtait à une démonstration de célérité, et qui s’achève sur un passage à la guitare sèche et des ad-libs de Timbaland. Parmi les autres habitués, citons Skillz (« In Time ») et Ludacris (« Considerate Brother »). Static et les Playa sont aussi dans le coup (notamment sur l’immense « Indian Carpet » avec ce sample de piano totalement démentiel) mais Missy et Ginuwine sont, eux, aux abonnés absents, de même que Bubba Sparxxx. À ce propos, certaines des prods de Indecent Proposalétaient destinés à l’origine pour Ginuwine et son album The Lifemais le label du chanteur s’y est opposé. Voilà pour l’anecdote. Magoo, quant lui, fait preuve de présence sans trop se forcer grâce à sa voix si particulière. Mais s’il y a bien un drôle de personnage qui est difficile de ne pas remarquer, c’est Petey Pablo, celui qui fut taxé de Mystikal bis apporte une touche très down south (on pense au single « Roll Out » qui n’a strictement rien à voir avec le titre dingo du même nom de Luda).
Comme Timbaland et Magoo, leur deuxième album qui dispose des dernières évolutions stylistiques inédites de Timbo a comme deux visages. D’un côté festif comme on a pu le voir, une autre bien plus sérieuse et qui souffle le froid avec des titres rap comme « Serious » (à juste titre), « People Like Myself », « Best Club », ainsi que le r&b « Love Me » etc. autant de titres qui garantissent une certaine homogénéité sur cet opus qui ne manque pas d’originalité. Indecent Proposal permet aussi de découvrir Sebastian, le frère de Timbaland (qui avait fait ses débuts en trombe sur le monstrueux hybride rock « We At It Again » pour la BO de Romeo Must Die). Ce dernier pose sur « It’s Your Night », un titre dancefloor downtempo au groove hérité des années 80. Merci mais finalement on ne gardera pas de souvenir de Seb, désolé pour lui.
Injustement boudé par la presse musicale, Indecent Proposaln’a pas fait non plus long feu dans les charts. Encore une déconvenue… Il est vrai que l’album ne dispose pas du groove funky de son prédécesseur Welcome To Our World, mais les choix de samples plus mélodiques, moins ‘faciles’ et les expériences nouvelles de Timbaland ont permis de sauver cet album de l’oubli. Réellement, ce disque est intéressant sur bien des points et a mieux vieilli qu’un Tim’s Bio, preuve que Timbo a fait de bons choix. Pour finir, Indecent Proposalpossède en guise de conclusion l’une des plus belles créations de Timbaland : « I Am Music ». Grand moment d’émotion. Des batteries qui évoquent « Beautiful Ones » de Prince, des synthétiseurs symphoniques, ces choeurs, Static qui remplace Beck au pied levé et qui disparaitra sept ans plus tard -ce qui donne un trouble supplémentaire en l’écoutant aujourd’hui, et surtout, la voix d’Aaliyah qui revivait… Le public n’avait en fait d’yeux que pour elle, et sa chanson « More Than A Woman » que Timbo lui avait conçu évidemment passait en boucle à la télé et sur la bande FM…