Appelez le 911, code 187. Après près de 10 ans d’attente, le 213 sort son très attendu 1er album, The Hard Way. Voyez l’affiche, trois icônes de la Westcoast, trois mousquetaires du G Funk made in Long Beach : Snoop Dogg, Nate Dogg et Warren G. Un album promis depuis belle lurette, jusque maintenant nous avons eu droit qu’à des apparitions sur quelques morceaux en commun comme « The Game Don’t Wait » (et son remix de Dr Dre) ou plus neuf encore sur le dernier Warren G, « Yo Sassy Wayz » sur The Return Of The Regulator. Mais c’est sur la première mixtape de la série Welcome To Tha Chuuch que nous avons eu droit à la première chanson créditée 213, « I’m Fly« , présente sur l’album de manière symbolique.
Rétrospective écrite en Aout 2004.
Maintenant essayons de situer un peu le contexte. La Westcoast a une très bonne scène indépendante mais ne brille plus autant qu’avant. Snoop Dogg est un peu sur le déclin depuis son dernier album, depuis qu’il a pris une attitude plus ‘pimp’ que ‘gangsta’, Warren G est un bon producteur mais limité lyricalement, reste le crooner incontournable Nate Dogg, assimilé par certains comme le Barry White de la côte ouest. Bref, beaucoup de raisons de penser que The Hard Way ne tiendra pas toutes ses promesses. Mais ce qui est fait est fait donc inutile d’empêcher quoique ce soit. Un premier street-single « Dollar Dollar Bill » pour faire monter le buzz et puis un single plus officiel « Groupie Luv » assurant un bon retour sur la vague G Funk originelle mais moderne.
Autant dire tout de suite, cet album de G Funk s’est fait dans une ambiance très laid back, parfois acoustique et dont les ingrédients ont été revus à la sauce troisième millénaire. Peut-être que les fans de la première heure seront déstabilisés et iront voir ailleurs, alors que d’autres y jetteront une oreille attentive et différente. Prenons exemple de la dernière trouvaille de Kanye West, « Anotha Summer« , jouant la carte de la gangsta soul (grâce à ce sample de « Intimate Friends » d’Eddie Kendrick), idéale pour Snoop et Warren et leurs flows très softs, et un Nate en pleine forme. Dans ce même registre toujours aussi cool, « Gotta Find A Way » s’écoute de manière très relax. Passé le tube « Twist Yo Body » feat Dion (produit par Hi-T), on s’attarde sur l’un des meilleurs morceau de The Hard Way : « Joystick« . Une allusion au sexe assez amusante, où les trois G Funk children se partagent équitablement le micro sur un instrumental ‘antéfuturiste’ très inspiré de la p-funk de Prince, aussi bien au niveau du beat que des synthés.
Pensée aussi à Rick James, décédé peu avant la sortie de cet opus, qui ouvre l’intro de « Mary Jane« , ne samplant pas l’original mais dont on aurait préféré une meilleure basse. La « 213 Gangsta Clicc » n’oublie tout de même pas leur sujet de prédilection, à savoir l’herbe aux vertus ‘volatiles’. Plus de low tempos que de mid, The Hard Way est globalement un disque très soft, très relax, qui s’apprécie calmement, style low rider (genre « Appreciation« , « Wait A Minute« , « Sassy Wayz« ). Les producteurs (FredWreck, Hi-Tek, Nottz…) ont eu des consignes et on aurait peut être aimé une production de Dr Dre ou Scott Storch du moins. Celà aurait bien substitué à quelques tracks bien bâclées (« Ups & Downs« , « MLK« ,…).
Une déception sûrement pour ceux qui s’attendaient à l’album westcoast de l’année 2004 ou une confirmation des plus pessimistes d’entre nous. Dommage pour eux. Peut-être ont ils raisons dans la mesure où cet album aurait dû se faire il y a longtemps ou même n’aurait jamais dû se faire comme un nouvel album des NWA. Pour le reste on retiendra un album assez modeste mais bien fini, mêlant G Funk laid back, gangsta soul qui n’a rien à voir avec leurs discours de leurs débuts comme sur G Funk Era ou Doggystyle. Snoop Dogg, Warren G et Nate Dogg sont au top de leurs maturité et restent fidèles une nouvelle fois au genre qui les ont fait connaître, mais en beaucoup plus soft.