En moins de 12 mois, entre 2023 et 2024, le rappeur indé californien Blu a sorti pas moins de cinq projets. Entre celui avec Nottz, l’autre produit par Evidence, celui avec Roy Royal, un quatrième opus avec Exile, il y a eu le moins évident à appréhender : Out of the Blue en collaboration avec Shafiq Husayn. Autant dire qu’il faut bien connaître le Shafiq en mode hip-hop pour se plonger dans le grand bleu. Une session de rattrapage est possible avec The Blueprint de nos deux gars paru en 2018 et totalement passé sous les radars. Autrement, testez-le, si vous vous sentez prêt.e…

Pour situer la vibe de Out of the Blue, on est dans un interstice qui s’inscrit entre le culte NoYork!, avec ses beats peu orthodoxes intemporels, et Good To Be Home (qui a fêté ses dix ans) pour l’aspect gangsta-rap sur les bords. Avec des instrus plus perchés que Madlib oserai-je dire. « LA 2020 » (avec Exile aux scratches) pose les bases de l’album avec ses sonorités ultra-modernes et originales que seul un mec des Sa-Ra Creative Partners est capable de réaliser. Et le plus ahurissant, c’est que tous les codes du rap westcoast sont là. Dans cette lecture, des bangers atypiques comme « We Bang » (avec MED, l’ancien des U-N-I Thurz et le rappeuse Yah-Ra) et le gros son de « LA Summer » (avec G Kidd au refrain, Like des Pac Div et madame Jack Davey) collent au concept. Au clavier lumineux de « West Coast » s’ajoute un message ‘bleu pacifique’ de blu.

Beaucoup de featuring sur cet album de blu, une habitude en fait, mais jamais de petits noms même s’ils ne dépassent pas les mille ventes : MED, Thurz, Yah-Ra qu’on a vu, Mykestro, Cashus King, Myka 9, Iman Omari, Imani, Ta’Raach de Detroit, Polyester, Chuwee… Une bonne partie de la rédaction de cette chronique pourrait être complétée par du name-dropping. Oh, même Polyester the Saint est là, sur « Weekdays » avec son beat arythmique. La chanteuse Jimetta Rose brille comme un diamant bleu sur « Roll Up ». « We Originals » est aussi un très bon posse-cut, avec en sus un clin d’oeil à « Grindin » des Clipse. « Red, White & Me » est possiblement le titre le plus facile d’accès, avec Shafiq au chant et pas mal de cuivres, comme pour nous rappeler le bon souvenir des Sa-Ra.

Il faut être à la fois connaisseur de Shafiq Husayn et apprécier Blu pour kiffer à 100% cet album aux cinquante nuances de bleu californien. J’aime beaucoup aussi l’artwork, elle convient parfaitement bien au style de rap de Out of the Blue avec ses formes et ses couleurs : ‘arty’, contemporain, tout en nuance de bleu et de noir & blanc, original. Je peux rester des minutes entières à la regarder pendant que j’écoute l’album, dont je dois avouer que j’ai tout de même mis plusieurs fois avant de totalement m’y accommoder.

LA NOTE : 16/20.