Chroniques Rap, Soul/R&B, Electro…

Black Milk « Everybody Good? » @@@@¼


Lorsque le monde commençait à respirer de nouveau en portant moins le masque en 2023, Black Milk a pointé le bout de son nez en posant cette question fatidique ‘Everybody Good?’, qu’on peut traduire par ‘tout le monde va bien?’. Le COVID, quatre années tumultueuses sous Trump, l’interrogation du rappeur-producteur de Detroit à l’ensemble de son public et de la communauté afro-américaine a l’air tout à fait banale, mais dans le contexte du moment, elle mérite réflexion…

Ce huitième album de Black Milk (sorti chez Mass Appeal) a été l’occasion de remettre un peu les compteurs à zéro, après avoir initié un changement de direction avec son EP DIVe en 2019. Cela se confirme sensiblement ici avec des teintes soul contemporaines dès les premiers titres, « God Willing » montrant une belle musicalité de la part de notre auteur. « Downs Got Up » use même d’une guitare et d’une basse assez sensuelles, au point que j’ai cru que c’était Leon Thomas qui en jouait. Et « Let Me Know » peut se cataloguer soul/r&b contemporain. Le plus loin qu’aille Black Milk est sur « Ain’t Nobody Coming To Save You », sur lequel ça frôle le rock psyché. Notre artiste s’occupe même de parties chantées sous son vrai nom (Curtis E Cross). Et la piste instrumentale co-composée avec Karriem Riggins sur « Fews & Trues » est fort sympathique. Mais ne vous inquiétez pas, son drumkit avec ses caisses caractéristiques est toujours là.

« The Black Surf » avec Quelle Chris est le morceau central qui sert de clef de voute à Everybody Good. Mick Jenkins est un très bon choix de featuring également, lui qui sait mettre des bons mots sur les émotions même sur « Feelings Don’t Feel ». Mais le plus important ce sont les 40 barres de Phonte sur « No Wish » (avec la voix de Raphael Saadiq) qui me font à chaque fois stopper net tout ce que je fais pour l’écouter comme s’il se passait un événement grave aux infos, lorsqu’il révèle un tabou qui l’a traumatisé lorsqu’il était gamin. Couplet de l’année 2023 pour moi. N’empêche, Black Milk a aussi progressé niveau lyrical, ou alors c’est son flow qui a progressé, à méditer aussi. « Yeah Really » achève l’album sur une note ironique un brin pessimiste, quand Black Milk semble s’accommoder de situations qui ne sont pas forcément bonnes, les impressions sont parfois trompeuses. En tout cas, cette nouvelle voie qu’il explore musicalement avec Everybody Good mérite d’être poursuivie et d’évoluer encore, et là tout ira bien pour lui.

LA NOTE : 17/20

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