eMC « The Show » @@@@


Vous rêviez d’un album Eastcoast à la fois moderne, traditionnel et frais ? Avec des emcees super talentueux et des vrais beats d’orfèvres ? Grâce aux eMC, votre souhait est devenu réalité avec leur LP The Show (M3HipHop/Traffic Entertainment). Fuck an intro (comme dirait mon pote JP), les quatre membres de ce super-groupe d’élite se présentent tour à tour sur « Who We Be » : Wordsworth, connu des intégristes underground, Stricklin, Punchline, qui fera honneur à son pseudo, et Masta Ace, la légende vivante que l’on croyait à la retraite après son ultime classique A Long Hot Summer. Une interrogation nous vient naturellement ensuite : qu’est-ce veut dire eMC, le nom de leur groupe ? Il y a un rapport avec la célèbre formule E=MC2 du génie Albert Einstein ? Non pas du tout, la réponse est donnée sur « EMC (What It Stands For ?) » : Experts Making Classics, Evil Mortherly Child, Excellent Mic Controllers, Exceptionnal Men Collaborating, Eastwest Midwest Champions, Extravagant Music Clique, Everyone Must Contribute, and so on… Avis à tous les adeptes des sciences de la rime, si possible anglophiles, l’écoute de ce disque est obligatoire.

Par principe d’équité, chaque rappeur pose chacun son couplet sur les divers instrumentaux (ce qui arithmétiquement en fait quatre par titre sans compter les possibles figurations), et personne n’est mis plus en avant qu’un autre. Alors que personne ne vienne dire « c’est le groupe de Masta Ace avec trois autres gars », non, les quatre sont logés à la même enseigne et prouvent leur valeur. C’est sûr qu’après Ace est un lyriciste exceptionnel et qu’il dispose d’un avantage net par rapport aux autres, c’est pas une mince affaire de lui tenir la mesure tellement il est fort. En plus sa diction est parfaite, du coup on saisit clairement ses phases. Mais Stricklin, Punchline et Wordsworth sont vraiment doués eux aussi niveau performances; Pas évident de les départager comme de choisir les meilleurs morceaux de l’album entre « Leak It Out » (leur nouveau maxi), « The Grudge », le superbe « Winds of Change », le Kev Brownien « Once More »… ou les seize barres les mieux écrites ou débitées. Extrait choisi analysant l’état de l’industrie musicale, des potins et des médias dans le rap game : « Ladies and gents, get around, let’s take an inner mission/ The industry is strung out, it needs an intervention/ Candice and Ja, they’ve cleared Irv Gotti/ Nas signed on Def Jam and 50 signed everybody/ And BET is on some other shit/ They played « Laffy Taffy » all day but can’t play Lil Brother shit/ […] But it all happened and I probably won’t sell/ Cause I don’t know Nate Dogg and I can’t afford Pharrell/ And Paul Wall didn’t answer my calls or my emails ».

Côté production, pas de grands noms qui ont bâti l’histoire du Hip Hop new-yorkais (pas la peine de les citer, vous avez de qui on cause), mais des illustres méconnus qui font leur trou dans l’indie, comme J!, Frequency, Nicolay le beatmaker hollandais (qui s’occupe de l’énrome « What It Stand For ? »), Ayatollah (avec « The Grudge »), Marco Polo le canadien signé chez Rawkus, Quincy Tones, The ARE,… Là par contre, c’est moins égal, ça oscille entre l’assez bon (« Borrow You » et son refrain à la Devin the Dude) et le très lourd (comme les tracks citées par exemple). Les challengers figurants sur The Show ont été triés sur le volet. D’abord les Little Brother se prennent dans métaphorique « Traffic » (dont l’instru violon/sample de voix pitché ressemble à du 9th Wonder) et le prétendu lyriciste de l’année Sean Price entretient la compétition sur « Git Sum », par-dessus un beat aux samples imprévisibles entre gimmicks de James Brown et  musique classique. Pas de quoi se plaindre du nombre d’interludes (sept en tout), puisqu’ils servent au concept de l’album en narrant une journée de tournée, de l’arrivée à l’aéroport à la séance d’interview jusqu’aux coulisses leur concert.

Le seul défaut de The Show est de n’être qu’un très bon album made in New-York, ce n’est hélas pas le classique attendu… Mais – je le répète – c’est avant tout un très bon album, réalisé avec une réelle passion pour le Hip Hop et l’envie de bien faire. Espérons qu’il ne s’agira pas de l’unique album des eMC.

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