Souvent, un film n’est pas considéré comme « culte » sans une bande originale culte, un critère d’appréciation important au cinéma. Pour Ghost Dog (1999), il fallait vraiment quelque chose dans l’esprit du film, racontant l’histoire d’un tueur à gage afro-américain (interprété par un Forest Whitaker admirable), qui suivait un code de vie Samouraï. Un univers pittoresque qui allie arts martiaux (la voie du samouraï), anti-héros black (hérité de la blaxploitation), des personnages peu ordinaires (un glacier haïtien) et rap de rue, univers qui colle parfaitement avec celui du Wu-Tang Clan.
chronique originale écrite en 2007
Alors, c’est naturellement que l’architecte musical du Wu fut désigné d’office pour la réalisation de la musique du film, qui a largement contribué à créer l’atmosphère unique de Ghost Dog. Le RZA possède ce style vraiment à part qui consiste à dénicher des samples de soul poussiéreux ou de voix, de nouvelles voix aussi, ou prendre voire même recréer des sonorités asiatiques en incrémentant sur ses instrus des petites touches modernes, passant cette couche sur des beats généralement étouffés et lourds, ou à l’inverse très discrets.
Tout comme dans le long-métrage, Ghost Dog – The Album est entrecoupé par des interludes à vocation philosophique récité par Forest Whitaker, des citations du code de Samouraïs (des ‘Hagakure’) qui servent de principe de vie à notre personnage de chien fantôme. Autrement, cette BO présente douze compositions originales, départagées entre divers membres de la Wu Fam et quelques invités notables, tels que l’adepte Afu-Ra (sur « East New York Stamp » accompagné de son maître Jeru the Damaja) et puis l’inoxydable Kool G Rap (le duo avec RZA sur « Cake »). Parmi les « Wu bangers » mythiques et emblématiques de cette bande-son, il y a « Fast Shadow » avec le Wu-Tang (incomplet) et la kata solo « Samurai Showdown » de RZA.
« Strange Eyes » feat Sunz of Man, « The Man » feat Masta Killah & Superb, « Walk The Dogs » feat Royal Fam & LA The Darkman, « 4 Sho Sho » de North Star… sont autant de boucheries tranchant dans le vif, tant lyricalement que musicalement, mettant en valeur tous cette nouvelle génération de disciples qui Wu-Tang. Les métaphores sont de mises, et bien en phases par rapport à la thématique du film puisque les rappeurs accompagnant cet album sont par défaut des disciples des écoles Shaolin et Wu-Tang. L’ensemble est d’une cohérence sur tous les points, un bouillon de culture qui plus est recherché artistiquement, ce qui fait de Ghost Dog un chef d’œuvre en soi. Une signature de RZA, qui confirme sa renommée de compositeur génial.
Il existe une autre version de Ghost Dog, le fameux import japonais (qui se revend cher car recherché), qui contient un morceau inédit du Wu-Tang Clan : « Wu World Order ». Avis aux fans !