N*E*R*D « Fly Or Die » @@@@½


Après le délire trip skater expérimental rap/rock/electro/pop d’In Search Of… et la version live nerveux très bien orchestrée qui en a découlé, sortait en 2004 Fly Or Die, la suite très attendue. Vu l’originalité du groupe, formé des Neptunes et de leur ami d’enfance Shay Haley, il ne fallait pas s’attendre à une suite sans consistance ou prévisible, mais plutôt anticiper « l’in-entendu ». Bien vu (ou entendu, c’est selon), car cet album est aussi déroutant que le premier opus ! Un genre nouveau est-il définitivement né ? Si ça ne tenait qu’à moi, on appellerait cela du hip hop progressif…

Les NERD ont pris en compte les enseignements des précédentes expériences (en incluant leurs collaborations avec Papa Roach et No Doubt) pour recréer une œuvre dans l’ère du temps et qui n’avait rien de conventionnel. Cette fois, les sonorités sont plus une fusion pop/rock d’excellente facture avec des soupçons de funk, de new wave et de rap. Et surtout, surtout, acoustiques. La musicalité est d’autant meilleure du fait que tous les instruments sont entièrement joués : Pharrell à la batterie et piano, Chad à la basse/guitare et au clavier, et inversement… Fini les caisses claires et les claviers triturés ! Ces sonorités n’avaient pas grand chose à voir avec les productions des Neptunes de l’époque, mais rassurez-vous, les mélodies de synthés, de guitare et aussi la voix de Pharell typiques de leur style unique demeurent facilement reconnaissables entre mille, sans oublier leurs gimmicks particuliers. Leur studio fait office de laboratoire. Par ailleurs, Shay et Pharrell se sont beaucoup améliorés au niveau du chant : le premier chante plus juste alors que Mr Williams maîtrise au mieux son falsetto imitant Curtis Mayfield.

Le premier single « She Wants To Move » mettait la barre très haute avec ses très bons riffs de guitare et le pont joué au piano, le tout avec une légère consonance latino. Paraît-il que cette chanson était destinée à Nas et Kelis, mais ce que disent les rumeurs… « Don’t Worry About It » commence là où les NERD nous avait laissés sur In Search Of…, un petit coup d’orgue et des basses puissantes, rappelant la version live tonitruante de « Lap Dance« . « Drill Sergeant » est directement inspiré de la surf-pop sixties des Beach Boys, du pur bonheur, alors que « The Way She Dance » est aussi une de ces autres chansons coup de cœur, puisant des influences dans des groupes comme Genesis, Police,…

Comme le dit le sigle N*E*R*D : « Nobody Ever Really Dies ». Et les messages cachés sont légions ( » Aim on you/ The love of their buildings, destroy their soil/ Aim on you/Did you finally figure where to run that oil? » – « Drill Sergeant« ), tout comme les premiers albums de Jamiroquai. Sans être du bête pop/rock pour ado, « Trasher » et « Jump » sont des hymnes étudiantins efficaces, ce dernier invitant les frères Madsen des Good Charlotte pour mettre le dawa. A noter que les deux autres invités sont rien de moins des musiciens de génie, à savoir ?uestlove à la batterie et Lenny Kravitz à la guitare (sexy) sur « Maybe« . Ce qui surprend le plus le long de l’album, c’est la qualité irréprochable de chaque composition, avec des arrangements incroyables, des ponts très travaillés, des textes aussi transcendants et déments que sur ‘In Search Of‘. Et pour en rajouter encore, les ballades à la gratte sèche sont aussi à l’honneur comme le candide et très cool « Wonderful Place » qui donne envie de siffler son air à tue-tête, ou encore « Breakout« , imprévisible avec refrain nerveux. Les femmes restent le grand fantasme de ces auteurs à l’instinct lubrique, la partie de drague de « Backseat Love » en est un très bon exemple.

Si vous aimez les projets expérimentaux, vous ne jetterez rien de ‘Fly Or Die‘. Pharrell, Chad et Shay sont au sommet de leur art et font un pied de nez à tout ceux qui disaient que leurs productions se ressemblaient trop. Ils ont prouvé encore une fois leur très grande ouverture musicale et leur capacité à faire des créations plus novatrices que jamais, même si certains diront qu’ils ne font que réinterpréter la musique à leur façon. Une insolence de petits intellos (‘nerds’) qui a eu le mérite de bousculer la musique contemporaine. Un album inclassable qui pourrait trouver une place entre un album des Gorillaz et un CD de punk/rock genre Green Day.

Un commentaire Ajouter un commentaire

  1. Yo Moma! dit :

    Sublime!

    J’aime

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