Premier artiste à être signé sur le label BeatClub de Timbaland, Bubba Sparxxx, l’ancien joueurde Superbowl devenu rappeur ,compte bien s’imposer sur la scène sudiste avec le successeur de ‘Dark Days Bright Nights‘, ‘Deliverance’. Tout le monde se souvient de son entrée hallucinante dans le monde du rap avec la bombe « Ugly« , et son clip tout aussi déjanté, où l’on voit ce rappeur blanc atypique dans une porcherie.
Après avoir démocratisé un sous-genre qu’on pourrait qualifier de ‘country rap’ (lancé par un certain Pimp C des UGK), Bubba, le MC campagnard le plus connu de la planète se livre sur ce second opus et se délivre de tous les clichés rap, tout le monde croyant qu’il n’était que le rappeur d’un seul tube. Il brise les chaînes une bonne fois pour toute en démontrant à son tour que les blancs, minoritaires dans le rap US, savent rapper, qu’ils ne sont pas tous des racistes, et accessoirement qu’il n’y a pas que de gros ploucs dans les coins les plus reculés des States. Mieux encore, il se forge avec ‘Deliverance‘ une réelle identité musicale.
Les influences country et rock sont prédominantes. Timbaland en tant que producteur exécutif veille sur cet étrange personnage, laissant la porte ouverte aux Organized Noise pour contribuer au projet. Ceci rappelle que Bubba est un membre occasionnel de la Dungeon Family. D’ailleurs Big Rube ouvre l’album tandis que le crooner Sleepy Brown l’achève. Les sonorités décalées sont de mises comme le coup de gratte ou violon aérien dans un style assez Western (« Comin Around« , « She Tried« ), ou des beats millimétrés sur des samples rock (« My Tone« ). Bubba Sparxxx laisse exprimer son canton particulier dans ses raps, tout comme le faisait Nelly sur ‘Country Grammar‘, vantant un tantinet les coutumes locales, mais à la sauce ‘waneguen’.
« Warrant« , précédé de son intro monstrueuse, mérite une écoute attentive, démonstration de l’élasticité du flow de Bubba et ses qualités d’écriture. Quand au single « Jimmy Mathis » et « Back In Da Mudd« , ce sont des hits aux tempos efficaces, destinés aux clubs. Mais le gros morceau de l’album, c’est bien sûr le magnifique et mélancolique « Nowhere« . Kylie Dean, dont la voix ressemble étrangement à celle d’Aaliyah, chante « I know what it’s like to be nowhere », prenant directement au cœur comme si la jeune diva décédée prématurément communiquait avec nous d’outre-tombe. On en oublierait même la rythmique à la « Cry Me A River » tellement c’est troublant. À ce propos Justin Timberlake est crédité sur « Hootnanny« . Bubba Sparxxx quant à lui, malgré son timbre monotone, convainc lui aussi, comme quoi ce ne sont pas les prods de Timbaland qui font tout le travail. Avec les Organized Noize, c’est une autre affaire, et là aussi rondement menée. Du ‘dirty south’ -à proprement parler- « Like It Or Not« , ils lancent carrément le « New South » (sans faire hélas de petits).
Le virage du deuxième album a été réellement bien négocié, Bubba prenant une très bonne trajectoire et définissant définitivement un nouveau genre local de rap sudiste. La contribution de Timbaland est forcément évidente mais celui se fait effacer sur chaque morceaux et créé des beats convenant parfaitement à son poulain. ‘Deliverance‘ enfonce le clou, un classique du genre. New South represent ! Un classique du genre presque.