Guru a traversé divers âges du Hip Hop depuis plus de quinze ans déjà, en compagnie de son compère sur platine DJ Premier. Plus la peine donc de présenter ce rimeur en l’apparence sage et percutant à la fois, au moyen de messages toujours positifs et intéressants. Après six albums avec le groupe mythique GangStarr, Guru parachève sa carrière avec ce premier disque solo, le 7e au total dans sa carrière (d’où le ‘Version 7.0’), ‘The Street Scriptures’.
Note : Et dire que Solar est un putain d’enculé ! Comment peut-on passer un très beau Street Scriptures à un déchet comme Lost & Found ?!? Du coup j’ai volontairement barré son nom. RIP Guru.
Produit par un tout nouveau producteur répondant au nom de Solar (non pas le MC français), ne cherchez pas à deviner à l’avance la teinte du disque : ce n’est ni du Primo, ni du style de JazzMataz ! Les sons sont frais, innovants, avec des instruments comme des guitares par exemple, samples de voix, ce sur dont Guru est peu habitué à poser. Mais quelle aisance ! Le rappeur n’a pas pris une ride question flow, catapulté par sa voix caractéristique. Dès « False Prophets », il démontre que ce n’est pas la peine de chanter sur les refrains pour déchirer. Guru prouve une fois encore qu’il peut accélérer sur « Cave In », un up tempo old school, ou fluidifier sur des beats qui tapent tels que « I Gotta » et « Feed The Hungry ». Et ceci n’entrave en rien la clarté de ses textes. Certains samples utilisés sont amusant à deviner : « Surviving The Game » reprend une boucle très connue de Paul McCartney, celle de « To Live And Let Die » (ça ne vous rappelle pas un James Bond ?). Petite surprise aussi avec la suite de « Step In The Arena ».
Le 2e effet de ‘Street Scripture’ après la fraîcheur, c’est l’émerveillement. Impossible de rester de marbre en écoutant à deux oreilles les superbes « Hood Dreamin’ », « Too Dark To See », « Talk To Me » feat Jaguar Wright, « Hall Of Fame » et « Open House ». Les instrumentaux sont magnifiques, autant que les textes mêmes (ou inversement). Des MCs de renom et au talent ont été triés sur le volet. Tout d’abord le gangster gentleman Styles P, impressionnant sur « Don Status », plus deux autres valeurs sûres de l’underground, Talib Kweli et Jean Grae (« Money Power & Influence »), B Real des Cypress Hill, Doo Wop… et ça suffit largement. Guru maîtrise son sujet, son album de bout en bout le tout en toute liberté artistique et d’expression.
Les oreilles grandes ouvertes, les yeux écarquillés, Guru confirme à lui tout seul qu’il est un pilier du Hip Hop toujours en activité, avec son statut d’éducateur de la rue parfois même arrogant mais jamais insolent. Il est là où personne ne l’attendait. Souvenez-vous aussi de ce nom : Solar. ‘The Street Scripture’ est un très très bel album, tout bonnement magnifique.