Si on me demande me remémorer un des moments les plus sombres de l’année 2020, The Price of Tea In China de Boldy James, paru juste avant le premier confinement, en fait curieusement partie. Ce second album studio du rappeur de Detroit -qui est à la fois cousin avec Chuck Inglish et a des liens de parentés avec Snoop Dogg ai-je appris- est sorti sept ans après The Chemistry Set chez Mass Appeal, premier essai entièrement produit par Alchemist et qui ne m’avait pas convaincu plus que ça. Et je devais bien être le seul. Je l’avais même taxé de Prodigy junior… Il fallait faire donc plus fort avec ce nouvel opus, et ce fut bel et bien le cas.
C’est Alchemist qui a re-pêché Boldy James en le signant sur son label ALC Records. Et qui, de facto, produit intégralement The Price of Tea In China. Cette fois c’est la bonne, de la très bonne. Boldy James a nettement progressé en dynamisant ses récits avec différents flows, et toujours sa voix de mec enrhumé. Et de son côté Alchemist a parfait des ambiances rien que pour lui. Chaque sample, chaque sonorité, le rythme, sont au service de la création d’une cinématique où le rappeur vient jouer le narrateur de sombres desseins (« Run-ins », « Giant Slide », « Slow Roll »). L’auditeur est comme projeté dans d’obscurs lieux, comme sur « Scrape The Bowl », avec Benny The Butcher de la team Griselda qui est dans le coup. « S.N.O.R.T. » avec le le gangster du microphone Freddie Gibbs est un autre joyau sur cette short-list.
Cet album vogue aussi sur cette tendance ‘drumless beats’ que Alchemist a épousé avec (trop de) facilité. Il y a d’ailleurs ce « Grey October » trop long, avec le ‘weatherman’ Evidence venu faire la pluie, mais pas le beau temps. Le sample du premier titre « Carruth », avec cette complainte « why are all these people crying », avec ce côté un peu trip hop, met la puce à l’oreille. Le final « Phone Bill » utilise une boucle assez inhabituelle également, mêlant voix féminine et guitare électrique dont ALC raffole. Pour « Pinto », avec sa vibe yacht music, le producteur-chimiste utilise carrément un sample de taille panoramique, toujours dans cette optique de réaliser comme des scènes de film en format audio. Ambiance océanique et calme sur « Surf & Turf », avec un couplet génial de Vince Stapes. Un projet commun entre lui et Alchemist était prévu d’ailleurs, mais je crains que ça ait capoté. ‘Shit happens sometimes’.
Cette fois, je retire tout ce que j’ai dit sur Boldy James vis-à-vis de la ressemblance avec P et tout. Depuis, deux autres opus avec Alchemist sortiront l’année suivante (Bo Jackson et Super Tecmo Bo), de très bonne facture pareillement. Et après, Bo’ ne s’est pas arrêté de sortir plein de projets, avec le canadien Nicholas Craven notamment. Je dois avouer que j’ai lâché l’affaire tellement sa productivité rendait sa discographie pas évidente à suivre.
LA NOTE : 17/20


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