Au printemps 2022, le duo The Cool Kids ont effectué un fat reboot (ne parlez pas d’un come-back please) avec un ensemble de trois projets sortis à trois semaines d’intervalle : l’album BEFORE SHIT GOT WEIRD suivi de près par deux chapitres solos BABY OIL STAIRCASE de Mikey Rocks et CHILLOUT de Chuck Inglish. Techniquement ce n’est pas un triple-album à proprement parler, mais un projet triple qui aura largement de quoi contenter les fans.

The Cool Kids « BEFORE SHIT GOT WEIRD »

Il y a toujours ce petit moment d’excitation qui précède l’écoute de nouveaux titres du tandem formé par Chuck Inglish (le rappeur-producteur) et Sir Michael Rocks (l’autre rappeur qui s’est auto-affublé d’un titre de noblesse). Tant qu’à refaire les présentations : deux villes différentes (Chicago et Detroit), deux flows, voix et styles uniques mais qui se lient pour leur goût pour les grosses caisses (et je ne parle pas que des bagnoles), les meufs, le hip-hop naturellement, un poil embourgeoisé, et une flemmardise à toute épreuve dans l’allure.

Ce 4e album des adultes garnements cools, c’est « pas la trap music de tes grands-parents ». Vous vous rappelez d’ailleurs quand je qualifiais leur classique The Bake Sale EP de hipster-hop? Dans l’esprit, sur la forme comme sur le fond, BEFORE SHIT GOT WEIRD se situe dans cette stricte continuité : faire du neuf, voire de l’avant-gardiste, avec de l’ancien. La boîte à idées de Chuck était encore bien pleine apparemment. Et pour apprécier tous ses beats facétieux, le mieux c’est de grosses enceintes dans le coffre d’un SUV. C’est comme ça qu’on écoute des tracks comme « I’m Coming Over There », « Hibashi », « Triumph pt 2 » (avec les Pac Div et Don Cannon).

En mouvement, se passer le planant « Horizon Island » (quel trip!!!), « Ridin Clean » et le clin d’oeil aux EPMD « Strictly Business » est un must. On se frotte les mains en matant le reste de la liste des invités : Guapdad4000, Chance the Rapper, Larry June, ou encore les scratches d’A-Trak sur « Too Bad » et puis 6LACK et JID sur le très bon « Lightwerk ». Même si parfois les skits cassent le rythme ou que le flow trop laid-back des rappeurs provoque des décrochages, l’originalité et le hip-hop haute fidélité sont les atouts majeurs des Cool Kids.

Sir Michael Rocks « BABY OIL STARCASE »/Chuck Inglish « CHILLOUT »

Les deux volumes solos ne sont pas vendus séparément. Et c’est Sir Michael qui ouvre le bal, avec une courte partie de moins de 20 minutes. Et encore, avec 4 pistes sans intérêt ce qui réduit son travail. Quel feignant celui-là, son gros défaut. Ce qui ne l’empêche pas de nous réserver de bons passages comme « Rico », « Diadora Doors » et le relax « Real Killaz » avec Boldy James. Le point commun de ces trois pistes, ce sont les samples plus traditionnels qui sont utilisés. « Home Improvement » est plutôt fun à écouter également. Mais ça sera tout.

Chuck Inglish est bien plus généreux. La quantité de guests donne le tourni et le thème « Chillout » respecté parmi cette kyrielle de cross-over r&b. « Mothers Pot » avec CS Armstrong nous met immédiatement dans la vibe légèrement futuriste et ce mood empreigne totalement l’atmosphère de chansons telles que « Talking Too Much » (feat Quin), « Hair Done » avec ses néons années 80, « Red Beans & Rice » pour la texture sonore synthétique sexy et intimiste. « World On Wheels » avec le prodige Devin Morrison provoque ce vent de fraîcheur que l’on connait à bord d’un cabriolet en bord de mer et la collaboration avec cet autre prodige de JMSN est très appréciable aussi. Le clin d’oeil à la P-Funk sur « BBT » (qui repêche Trinidad James) est à classer dans les playlists type « party song » sans hésiter. Ce qui ressort communément dans tous ces volumes, ce sont les accents très westcoast dans les prods de Chuck Inglish.

Très bonne proposition : un album des Cool Kids qui saisit l’opportunité de sortir des solos respectifs, comme ça tout le monde il est content, et nous avec. Comme l’avaient fait les Rae Sremmurd avec leur troisième ‘album’ dans les 2010 (vous vous rappelez d’eux au fait? ils deviennent quoi hein?). Au pire, il y a de quoi se faire ses propres compilations de ses morceaux préféré. Il y a laaaaaaargement de quoi faire avec toute cette matière.