Quand il fallait s’occuper comme on pouvait durant les confinements, j’étais très heureux de pouvoir profiter de nouveautés musicales et en cela, It Is What It Is de mon chouchou Thundercat a été une immense source de réconfort. Et de tristesse aussi, car cet album est dédié à son ami Mac Miller disparu un an et demi auparavant…
Cela m’a fait du bien car Thundercat est un personnage excentrique que j’adore. Ce chanteur-compositeur et incroyable joueur d’une grosse guitare basse à 6 cordes se teint les dreads, se vernit les ongles, il assume parfaitement sa culture geek et possède un certain sens de l’humour décalé. Et à côté de ça, c’est une personne qui a le coeur sur les mains et a traversé de lourds épisodes de dépression. On dit souvent que la thérapie est une musique, c’est clairement son cas.
Les deux premières pistes nous propulsent directement dans son style musical qui lui est propre et co-façonné par son ami Flying Lotus, dans son univers intérieur foisonnant et filant à travers les étoiles. ‘Jazz-tronique’ diront des spécialistes, en tout cas bigrement rétro-futuriste. Avec des airs de saxo signés Kamasi Washington, que les habitués reconnaitront facilement. Son falsetto fait des merveilles, encore plus quand le rythme se transforme en entraînant uptempo comme sur « I Love Louis Cole », avec le très haut Louis Cole, qui lui aussi sait faire de la musique funky avec son falsetto, lui aussi. Pas étonnant qu’il en soit fan, c’est plutôt marrant. Et qui est le fameux Miguel qui fait une « Happy Dance »? Le super compositeur jazz et clasique Miguel Atwood-Ferguson, rien que ça.
Ai-je dit que Thundercat était quelqu’un de désopilant? En tout cas la mini-chanson « Overseas » (avec son pote Zack Fox) est un excellent cas de figure, de même sur son single « Dragon Ball Durag ». Parce que même quand il fait l’amour avec tendresse, son durag Dragon Ball lui donne de la force et qu’il est trop chouette son durag. Vous trouvez pas hein? Et le groove de « Black Qualls » avec Steve Lacy (The Internet), Childish Gambino et la légende de la funk Steve Arrington, n’est-il pas irrésistible? Que si. La funk cosmique de Thundercat a ce quelque chose de très captivant, très « Funny Thing », avec un arrière-goût de ‘reviens-y’. Même sa mélancolie est funky (« King of the Hill »).
Mais derrière le Stephen Bruner capable de faire des démonstrations ébouriffantes de basse (sur « How Sway ») et de nous donner le smile, des étoiles plein la tête, le masque de la bonne humeur et des fausses joies finit par tomber subitement sur « Fair Chance » (avec Ty Dolla Sign et le basé Lil B) jusqu’à la fin de l’album (le morceau-titre « It Is What It Is »). Un ange passe. Le deuil, la douleur du coeur, les pensées emplies d’un voile sombre. Les gens qui -comme moi- ont connu la dépression ressentiront cet écho.
Pour une note plus positive et ultra-cool, Thundercat a obtenu un petit rôle dans la série Star Wars ‘The Book of Bobba Fett’. Le rêve de gosse qui se réalise pour lui, j’en ai été très heureux de le voir dans une galaxie très très lointaine. Et si ça peut consoler, il a obtenu le Grammy Award du Best Progressive R&B Album en 2021. Mérité.
LA NOTE : 17,5/20


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