Quand deux légendes de la Westcoast joignent leurs forces sur un album, ça provoque un BlaQKout complet. Admirez l’affiche : DJ Quik, l’un des meilleurs producteurs de la côte ouest derrière Dr Dre, et Kurupt, moitié du DPG et gangsta rappeur polyvalent. Quik à la prod et au mic, Young Gotti au mic sur un LP, il aura fallu attendre 15 ans pour qu’un tel événement survienne mais comme on dit, mieux vaut tard que jamais. Sorti en totale indépendance, loin des règles de formatage, Blaqkout donne un aperçu concret de ce que nous réserve le rap Westcoast les années à venir.
Kurupt s’est ouvert à pas mal de collaborations ces derniers temps. Peut-être parce que les récents albums des Dogg Pound (Cali Iz Active, Dogg Chit) n’ont pas recueilli tous les suffrages, il a publié des albums en commun avec J.Wells (Digital Smoke très bon) et son frère Roscoe (The Frank & Jesse Story). BlaQKout avec DJ Quik est une réunion au sommet qu’il fallait ne pas louper sous aucun prétexte. Le titre est volontairement inspiré par la formation Method Man & Redman, Blackout! (en remplaçant les lettres centrales par les majuscules Q pour ‘Quik’ et K pour ‘Kurupt’). En mode Westcoast.
Tout commence par le morceau éponyme « Blaqkout », plein de soleil, de synthés aigüs et de scratches pour faire les présentations. C’est notre point de départ, car jusque la piste 10, on va évoluer progressivement vers un univers inconnu. 2e piste, « Cream », un titre résolument funky dans la grande tradition des sons groovys DJ Quik, avec ces guitares et ces basses jouées en live, pour enchaîner sur le planant et sexy « Do You Know », qui marque clairement l’usage de samples de voix comme de notes de clavier (des samples de Raphael Saadiq et Soul II Soul selon mes renseignements). « Ooh » reproduit cette innovation stylistique en appliquant une couche de synthé aux effets ultra-modernes. Entre deux, le banger « Watcha Wan Do » invite une revenante, la rappeuse YoYo, et sur « Fuck Y’all », Quik disse ses anciens comparses AMG, 2nd II None et Hi-C. Evidemment, on veut savoir pourquoi…
Le dépaysement musical se fait graduellement, d’abord en commençant par sampler de la musique marocaine sur « Hey Playa ! ». Passer du climat californien au méditerranéen ne provoque pas de choc thermique, le rendu est agréable et fort sympathique, c’est assez pittoresque. Par contre, rien n’avait prédit que « 9X Outta 10 » n’allait être qu’un prototype de beat. Kurupt s’occupe du refrain de cette track sans aucune musicalité. Plus loin encore, l’up-tempo bionique « Jupiter’s Critic & The Mind Of Mars » où les deux rappeurs prennent une voix de robot pour se différencier du vocoder et de l’autotune. Amusant et intrigant à la fois. « The Appeal » nous ramène vers notre point de départ, avec un instru résolument laid-back agrémenté de quelques airs de violons.
BlaQKout est un bon album Westcoast qui fait office de laboratoire. Il y a de la recherche, de l’innovation mais deux-trois morceaux en restent au stade expérimental (« Exodus », « Jupiter’s Critic & The Mind Of Mars » par exemple). Kurupt laisse de côté son côté gangsta pour s’aligner sur les lyrics crus de DJ Quik, avec comme thèmes principaux : les femmes et s’amuser. C’est léger mais le but est simplement de se faire plaisir à écouter cet album et voir comment les vétérans savent prendre des risques.
Quelles sont les perspectives d’avenir pour chacun ? A DJ Quik de continuer sur cette lancée et de peaufiner son nouveau style en espérant qu’on le suivra tous dans cette voie sur ses prochaines productions. Et à Kurupt de poursuivre ses associations (on parle d’un Kurupt & J.Wells 2, d’un disque avec Terrace Martin, un produit par Fredwreck, un autre par Bink! et une réunion avec J-Ro des Alkaholiks), et pourquoi pas son nouvel album solo chez Doggystyle Records qu’il prépare discètement, Kurupt The Kingpin, produit par Niggaracci, Quik, Teddy Riley (alias les QDT), DJ Premier et Pete Rock !!

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