Mon coup de coeur de ce mois d’Avril. Comme quoi, ce sont souvent les artistes les plus anonymes qui sont capables de faire rejaillir en nous notre amour pour le Hip Hop. En ce moment, chacun cherche son anti-dépresseur, son remède anti-crise, sa pillule du bonheur… Cette petite merveille qu’est Unfold est bien plus que cela : un jardin zen grandeur nature.
Samon Kawamura, ce producteur japonais exilé à Berlin, est le produit d’un dosage entre Pete Rock et Madlib, agrémenté d’une subtile touche personnelle qui le rend attachant et ce second album pour le moins pittoresque.
Une fois qu’on a mis le pied dans son espace, le monde autour de nous s’efface pour laisser place à une acclimatation dont on s’en accommode le temps de l’introduction. Ses instrumentaux garnis en samples doucereux possèdent de nombreuses vertus apaisantes et font paisiblement travailler notre imagination, comme l’aurore de « Morioka Sunset » qui ensuite fait place à la tombée de la nuit (« Nightfall »). Le temps est comme suspendu pendant ces moments de plénitude et de sérénité, où les quelques notes d’exotisme font partir notre esprit en voyage dans les pays latins (« No Te Puedeo Ver » avec Laura Lopes Castro), où l’on se laisse envahir par le groove, consciemment ou pas, surtout quand Christian Pommer des Jazzanova apporte son expérience dans l’électronica sur « cps2k », pour le coup transfiguré en de la house music easy-listening, suave à souhait. Samon parvient même à placer des scratches tellement cotonneux qu’ils n’agressent en rien le calme ambiant.
Chaque featuring présent sur Unfold contribue à la décoration de l’ambiance en y ajoutant leurs ingrédients caractéristiques, comme la voix de Om’Mas Keith (des Sa-Ra Creative Partners) qui rend « Sugar Hill » si finement psychédélique, Aloe Blacc alternant chant et rap sur « Try », un brin mélancolique comme un matin pluvieux, et Kev Brown se fond dans l’ambiance nocturne de « Still Significant ». Il n’y a que « Right Here » avec Oh No au emceeing qui possède quelques propriété anxiogènes, celles d’un morceau nerveusement hip-hop très bien exécuté. Et dans une moindre mesure la présence de Ta’Raach « Lovelude » suivi du maussade « Get Down » qui apporte dans ses bagages le flow typique de Detroit.
La thérapie par la musique est une solution pour se redonner du baume au moral. Unfold de Samon Kawamura n’est ni un médicament ni un traitement homéopathique, c’est une bouffée d’oxygène dans la ville, venant à nous comme un légère brise, amenant ses senteurs parfois venues d’ailleurs.