Il s’est passé quatre ans depuis Connected de The Foreign Exchange. La vie suit son cours, les gens changent avec le monde qui les entoure. Phonte Coleman, moitié des Little Brother, a beaucoup mûri artistiquement, surtout au chant, en s’exerçant régulièrement à chacune de ses prestations. Son sérieux délire Zo ! & Tigallo loves the 80s sorti été 2008 était une bonne manière de voir sa progression en faisant des reprises. De l’autre côté, Nicolay a laissé derrière lui ses Pays-Bas natals pour s’installer sur la côte est des Etats-Unis. Il a commencé à se faire un trou dans le hip-hop underground local avec son album (T)Here (publié chez BBE) en 2006 et en produisant pour la Justus League, Kay, J-Live ou encore les eMC.
Il était temps pour les deux individus de se rencontrer à nouveau, d’échanger des idées toutes fraîches, recréer une alchimie neuve en suivant le cours naturel des choses. Leave It All Behind (Nicolay Music/Hard Boiled/BBE), le renouvellement d’un effet de découverte.
On garde encore en mémoire le souvenir auditif de Connected, on réécoute cet album avec le même émerveillement, comme la première fois. Comme pour chaque second album, il se mêle appréhension et interrogations du type : « quoi de neuf ? », « quelle va être leur progression ? », « quelle direction artistique ? », etc… Et quand l’écoute de ce nouvel opus s’amorce, tout s’envole, comme une brume effacée par la clarté des rayons lumineux. On est calfeutré dans une ambiance homogène, passée de la Soul Hop à la Néo Soul, avec un tout petit écart vers la House (« Is This Love ? »). Symboliquement, les Foreign Exchange ont choisi Okayplayer pour l’avant-première de leur vidéo « Daykeeper », puisque c’est sur ce forum que Nicolay et Phonte sont entrés en connexion et ont travaillé ensemble par Internet sur Connected.
Les conditions d’enregistrement actuelles ne sont plus les mêmes qu’en 2004 et l’alchimie entre les deux hommes est renforcée par la réunion de leurs présences physiques (plutôt que virtuelles). Leave It All Behind est comme un objectif en soi, réaliser l’album qu’ils voulaient faire depuis le départ et sans aucune contrainte de temps ou d’espace. On le sent à l’écoute des différentes chansons, Phonte a atteint le niveau supérieur au chant et Nicolay a conçu des instrumentaux mélodieux, fabuleux à la finition remarquable. Certes Phonte n’a pas une voix de stentor et une technique perfectionnée quand il chante, mais il parvient à amener sa voix très chaleureuse sur n’importe quelle note. L’émotion est omniprésente. Grâce à cette liberté de mouvement et d’interactivité, Nicolay et Phonte se sont surpassés.
Je conçois que certaines personnes regrettent qu’il n’y ait que très peu de parties rappées. J’ai repéré quelques mesures éparses sur « All Or Nothing » et « Something to Behold ». Il faut se dire que c’est un choix réfléchi. Quand on écoute Phonte chanter sur les douces musiques de Nicolay, pleines d’instruments et d’arrangements parcimonieux, on ne pense qu’à se détendre, s’apaiser l’esprit et se laisser porter par la voix, les mots et les mélodies étincelantes. Entendre un peu trop de rap risquerait de fêler l’atmosphère remplie d’amour et de coeur. Pour agrémenter le tout, d’autres soul singers, les soyeuses Yahzarah et Muhsinah ou encore Darien Brockington, participent également aux nuances de Leave It all Behind, tantôt jazzy, tantôt lounge, simultanément champêtres et urbaines, des fois heureuses, des fois moins heureuses comme un cupidon dont les flèches ne transpercent plus les coeurs (« Valediction »).
A s’écouter en couple ou après un chagrin d’amour pour se redonner du baume au moral.


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