« Tiens donc, Madonna se met à faire du r&b. » Il faudrait soit avoir la mémoire courte, soit être un peu trop jeune pour balancer ce commentaire teinté d’ignorance. Celle par qui le scandale arrivait dans les années 80 est une artiste accomplie capable de tabler dans n’importe quel registre musical, que ce soit (dans le désordre) de la pop proprement dite, de l’électro, la house, le trip hop, la disco-pop… et dans le domaine réservé de la soul et du rhythm’n blues, souvenez-vous Bedtime Stories en 1995, dont était extrait son tube « Secret ». Ces pendules remises à l’heure, l’instant était opportun pour la Queen of Pop de poursuivre son cycle artistique en revenant faire un tour de piste r&b.
Arrivant bientôt à l’âge de femme mûre (la cinquantaine en Août), son charme indécent semble inaltéré, il lui fallait juste rajeunir son public. La pochette à de quoi faire rougir les mâles et à en observer la madonne en tenue fétichiste ceinturée de son titre de reine des dancefloors (statut qu’elle possède depuis près d’un quart de siècle), il est facile de deviner que Hard Candy sera une belle partie de jambes en l’air. Inutile alors pour elle de faire un lifting en profondeur, elle a fait appel pour le maquillage de son 11e album au nec-plus-ultra des producteurs urbains du moment : le très sollicité Timbaland et Pharrell Williams des Neptunes. Puta*n, un opus 100% made in Virginia Beach, avec les Surrounded By Idiots aux commandes ! (c’est comme ça que s’appelle confidentiellement la formation de Timbo et les Neptunes, NdR). Sans quoi, je n’aurai peut-être pas acheté ce disque (c’est la première fois que je me procure un de ses albums, comme quoi, elle a effectivement touché un nouveau public).
À titre informatif, il devait y figurer à l’origine une collaboration avec T-Pain, une anecdote puisque ce présumé morceau est passé à la trappe (comme il s’est passé avec la wanna-be-Madonna Britney Spears). Tant mieux !
Il y a du monde au balcon pour l’ouverture du « Candy Store » partout dans le monde, aux USA, en Angleterre, en France et au Japon. Sur un concept semblable à celui de « Candy Shop » de 50 Cent, il n’est pas la peine de faire preuve de perspicacité pour comprendre que la chanteuse fait de nombreuses allusions sexuelles. Remplacez le mot ‘candy’ par ‘sex’ et ‘sugar’ par ‘pussy’ si vous n’en croyez pas vos oreilles, vous verrez que le sexe ne rend pas si sourd que ça, du moins suffisamment pour reconnaître aisément la patte de Pharrell (les non-initiés se référeront à ses ad-libs). Place ensuite au hit « 4 Minutes » chrono pour faire bouger le monde, une symphonie urbaine réalisée par le triangle Timbaland (le maestro)/Timberlake (co-auteur et co-interprète)/Danjahandz (co-producteur), le carton assuré bien que Timbo se cantonne dans son standard actuel peu avant-gardiste. La ballade « Miles Away » plaide en la faveur d’un manque d’inspiration de la part de notre superproducteur.
La moitié des Neptunes, de son côté, livre des instrumentalisations perfectionnées au possible et ultra-sophistiquées, avec partiellement des parties de synthétiseurs saucées d’eurodance. Il est l’auteur du second (et bientôt du troisième et quatrième) single « Give It 2 Me », qui risque fort d’incendier les clubs, à vrai dire c’est déjà le cas. L’appel de la piste de danse se fait d’abord par une musique ambiance fête foraine avant de lancer une décharge électronique hypnotisante sur le refrain. Inévitable, la séduction opère sur le corps et l’esprit. L’efficace « Heartbeat » continue cet élan mêlant dance music et lolli-pop/r&b pour adulte, de même sur « She’s Not Me », une chanson 2 en 1 démarrant par une ellipse disco vintage sur lequel Pharrell intervient vocalement avec son falsetto distinctif avant de virer dans la dance les deux dernières minutes. Plus incroyable encore, le titre nommé justement « Incredible », un triptyque alliant up-tempo pianoté (survolé par des synthés omniprésents) avec un passage rock à mi-parcours et après, un tourbillon électronique virevoltant. Retour à l’ère disco moderne sur le dansant « The Beat Goes On », avec des violons proéminents annonçant l’arrivée attendue du chic et très distingué rappeur Kanye West. Justin Timberlake lui reprend ensuite la main de Madonna sur le funky « Dance 2Nite », qui rappelle naturellement ses premiers gros tubes synthpop des eighties, un titre qui n’échappe pas non plus à la tendance eurodance sur la fin. Pharrell réplique avec « Spanish Lesson » histoire de faire un lointain à coucou à la « Isla Bonita ».
Timbaland et Justin ont la lourde charge d’achever Hard Candy en beauté, pour rattraper le coup dira-t-on. « Devil Wouldn’t Recognize You » est réalisé avec un soin méticuleux en ce qui concerne les arrangements, mais ce n’est rien comparé avec « Voices », un instru typé trip-hop (relativement inspiré de « Frozen ») avec ces violons stratosphériques, qui dérive vers une composition classique très noble pour les ultimes notes. La finition est irréprochable.
Vous remarquerez que j’ai passé plus de lignes à parlementer de la production plutôt que de Madonna, que je me repose plus dessus pour jauger la qualité de ce disque. Peut-être parce que je me suis intéressé à cet album par intérêt pour les Neptunes et Timbaland. Je ne sais pas alors si c’est moi, mais le défaut que je peux reprocher à Hard Candy, c’est que les sons sont globalement aseptisés et formatés, malgré les limites largement franchies par nos deux producteurs, qui attirent un peu trop sur eux l’attention de l’auditeur à mon sens. En conséquence, les performances de Madonna, toujours très professionnelle dans ses interprétations au demeurant, passent parfois au second plan, même si sa touche s’entend dans les musiques. Pour la suggestion perso, outre la présence de Kanye, Missy Elliott aurait pu faire aussi très bonne figure sur cet album, ou encore Will.I.Am tant qu’on y est. Sinon, l’album peut se résumer en tant que tel : 12 chansons, 12 tubes surpuissants.
Ce qu’il faut retenir de cet album de Madonna pour les non-fans de Madonna, c’est que Pharrell a non seulement l’avantage numérique des productions par rapport à Timbaland (7 contre 5 décompte fait des bonus tracks), mais il les a mis lui et ses assistants méchamment à l’amende. Sa contribution sur Hard Candy est formidable, Pharrell Williams s’est véritablement surpassé (contrairement à un Timbaland égal à lui-même), au point de se demander si son confrère Chad Hugo ne lui aurait pas filer un coup de main en scred.
Je suis assez partagé sur cet album.
Autant il possède des tubes véritablement géniaux (l’énorme »4 Minutes », Give It 2 Me, Miles Away(l’une des meilleures prods de Timbo sur l’album)), autant les autres chansons sont assez inégales!
À noter les bombes: Candy Shop, Voices, Dance 2nite et She’s Not Me!
Et la »merde » de l’album: Spanish Lesson!
Mais dans l’ensemble, c’est un bon album, bien que peu original!
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Pharrell!!!!!!! C’est vrai que c’est la 1ere fois que j’achete 1 album de madonna. Et ceci est du aux producteurs présents sur cet opus.
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lol, ouais Chad est surement passé par là…
Je suis encore d’accord avec toi et je me l’étais dit avant de le lire (j’ai aussi un avis^^), les prod de Pharrell et des Neptunes sont largement meilleures que celles de Timbaland ! Personnellement, depuis « Shock Value » je n’aime quasiment plus les productions de Timbo. Il tourne en rond je trouve alors que The Neptunes continue d’inover et de créer des morceaux de qualités.
Les titres que j’adore sur cet album sont « Give It 2 Me » et « Beat Goes On » (feat. Kanye West). Je pense qu’avec ces deux titres, « Hard Candy » a de beaux jours devant lui !
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