Alfredo, la même. Avec un plat de ramen cette fois. Freddie Gibbs et Alchemist sont de retour cinq ans après leur première collaboration très réussie, au point que l’album fut nominé aux Grammy Awards catégorie Best Rap Album. Et autant spoiler la chronique : oui cette suite est supérieure ou égale à Alfredo ‘1’.
« 1995 », l’entrée en matière évoque « 1985 » en 2020 et nous plonge instantanément dans cette séquelle, qui est promise pour être plus longue, plus gouteuse, plus savoureuse. Et avec des passages en japonais pour aller dans le thème. Même le sticker ‘parental advisory’ est écrit en japonais. L’arrivée de la guitare électrique à 1min56, pfiou… les poils électrisés qui se dressent. Alchemist a réussi, par je ne sais quel miracle, à se surpasser, alors que je commençais à trouver qu’il tournait en rond. La texture sonore est très semblable à son prédécesseur, mais avec des instrumentaux surclassés pourrait-on dire. « Shangri-La », qui le nom du studio d’Alchemist, est à la hauteur de l’Hotel de luxe parisien, avec un sample d’une rare classe et qui possède un soupçon de mélancolie. L’autre parfait exemple est le single « Ensalada » avec un Anderson .Paak toujours top (cela doit être leur quatrième collab’ je crois), le travail de finition est bien supérieur à ce que Freddie et ALC nous ont offert par le passé, et en plus, un brin d’émotion. Le nom du titre « Ensalada » est l’homonyme de ‘It’s a lotta’ que Andy et Freddie utilisent pour démarrer couplets et refrain. En revanche, « Empadanas » n’est pas un jeu de mot, encore moins un plat japonais, ce petit chausson argentin est juste cité comme plat dans son récit.
Comme d’habitude, Gangsta Kane utilise beaucoup de références culturelles, des fois plus subtiles qu’il n’y paraît. « I Still Lover H.E.R. » est une référence nippone cachée par exemple (en plus de faire un clin d’oeil à Common et un salut à Mac Miller là-haut). D’autres titres comme « Gas Station Sushi » et le final « A Thousand Mountains » sont heureusement moins subtils que ça. Sur « Gas Station Sushi » d’ailleurs, Freddie tacle Curren$y (« Could’ve ran that Fetti by myself, bitch, I’m the best with Al, yeah« ), comme il fait preuve d’une certaine conscience (« White supremacy been killin’ niggas, but the truth is we ain’t got no love for us »). Chaque phrase débitée comme un flingue semi-automatique frappe par ses images (« Lemon Pepper Steppers ») ou son égo très large, notamment lorsque le rappeur rappelle au passage qu’il a aussi foulé le tapis rouge du Festival de Cannes édition 2021, pour son film Down With The King. Personne ne sera étonné de la suite du boss « Skinny Suge ». Sur « Mar-A-Lago » avec son instru bien yacht music, la référence à la descente des fedéraux dans la villa floridienne de Trump est on ne peut plus limpide.
Chaque titre de Alfredo 2 est essentiel, comme « Jean Claude » ne serait-pce que pour la référence à Van Damme. Le piano ultra-chic de « Feeling » avec Larry June donne des bulles dans la tête comme celui d’une chère bouteille de champagne. JID impressionne aussi par son flow sur le beat de « Gold Feet », avec sample follement raffiné également. Honnêtement, c’est surprenant de constater comme Alchemist a encore monté en gamme. Pour moi, Freddie Gibbs a réussi avec cette seconde instance avec Alchemist ce qu’il n’a pas totalement concrétisé avec Bandana en 2020. Still thuggin’ and still slammin’.
LA NOTE : 18/20


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