Chroniques Rap, Soul/R&B, Electro…

« From the Private Collection of Saba and No I.D. » @@@@½


Quoi de neuf Chi-Town? Depuis les années 90, on a vu bon nombre de rappeurs représenter cette grande ville du Nord des Etats-Unis : Common avec et sans le Sense, le turbo-rappeur Twista, Kanye West avant que ce connard vire nazi, Lupe Fiasco sans trop l’assumer, Chief Keef aussi un peu quoi qu’on en pense,… Puis il y a cette nouvelle génération dont Saba Pivot fait partie. Ce dernier s’est lié avec le producteur local le temps d’un projet collaboratif indépendant, et non des moindres : No I.D.. C’est simplement l’homme derrière cinq albums de Common justement, mentor de Kanye et producteur de 4:44, dernier album solo en date de Jay-Z.

From the Private Collection of Saba and No I.D., c’est le titre, commence très chaleureusement par « Every Painting Has A Price ». C’est soulful à souhait, ça sonne comme ‘la maison’, ce que je peux décrire comme cette sensation de rentrer chez soi pour dîner, avec un vinyle de soul qui tourne et l’odeur de la nourriture cuisant dans le four. La voix de Saba et cet instru donnent du baume au coeur et ça fait un bien fou, alors en plus si BJ The Chicago Kid chante sur le refrain… On ne peut pas faire plus ‘Chicago’ que ça en terme d’atmosphère musicale. No I.D. a plein de jokers dans sa manche, et il en abat un en samplant la partie instrumentale la plus smooth « I Get Lonely » de Janet Jackson sur « Breakdown » (qui a valu à ce projet d’être retardé le temps du ‘sample clearance’). Les lyrics de Saba sont assez smart pour se charger du reste.

S’ensuit l’excellent cross-over soul « Crash » avec deux invités de marque, Kelly Rowland (Destiny’s Child) et Raphael Saadiq. C’est vraiment pour nous faire craquer comme devant une pumpkin pie ou un muffin aux myrtilles, ce genre de gâteries. Vous croyez que c’est fini? Que non, nos françaises d’Ibeyi nous offrent une minute et demie de gastronomie vocale sur « Reciprocity ». Les beats No I.D. ne craignent pas d’être trap, comme il l’avait déjà été sur Nobody’s Smiling de Common, mais ça passe mieux quand il met la dose idéale d’épices soulful et que c’est le jeune Saba qui rappe dessus. Exemples : « BIG PICTURE » et « Westside Bound pt 4 » où monsieur Pivot se voit comme le nouveau fer de lance du rap de Chi-city. Des morceaux comme « Stomping » et plus spécialement « head.rap » (avec la voix radieuse de Madison McFerrin) ne font que montrer le talent de Saba à varier ses humeurs.

Globalement, le duo nous comble avec d’autres titres comme « Act 1.5 » et la dernière partie de cette collection privée, de « 30seccshop » (avec Jean Deaux) à « FEW songs » avec Smino. Ces samples de voix un brin gospel sélectionnés avec soin et ces ambiances réconfortantes, beaucoup de coeur dans les parties chantées, ces rythmes qui font la transition entre le passé et le présent, le genre d’album ‘doudou’ que l’on écoute avec une certaine tendresse. Un grand merci à Saba et No I.D. pour cette offrande. Un vrai trésor. Le son rap de Chicago a encore de beaux jours devant lui.

LA NOTE : 18/20

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