Idle Warship est un nouveau groupe atypique formé de Talib Kweli et deux associées Res et Graph Nobel. Atypique pourquoi ? Au début je m’attendais à un style de musique hip-hop/soul, je ne connaissais pas trop cette nouvelle formation. Mais Party Robot mixée par Mick Boogie (téléchargeable gratuitement sur www.blacksmithnyc.com) m’a fait prendre compte que j’avais tout faux : Idle Warship joue la carte de l’électro à toutes les sauces possibles, jusqu’à flirter avec les limites de la pop.

Les années 80 reviennent à la mode et la musique rap n’y échappe hélas pas. Alors pourquoi alors les rappeurs ne virent pas vers le rap old school de Cold Chillin’, Boogie Down Productions, Beastie Boys ou Run DMC ? Parce que la musique électro c’est ce qui marche en ce moment, c’est le mouvement en marche. J’ignore si vous êtes au courant mais la culture électronica partage pas mal de points communs avec le hip-hop : DJing, matériel, dans ses origines… Les Black Eyed Peas, Pitbull ou encore Flo Rida ont bien montré que transgresser le rap en s’adonnant à la dance est très vendeur mais ce sont de mauvais exemples.

Idle Warship ne suit pas la voie de la facilité en réchauffant de l’eurodance. De plus, ce groupe n’est pas né en tant que groupe de hip-hop ou nusoul ou r&b. Quelque part, cela permet à Talib Kweli de sortir des carcans du rap de manière légitime et de s’épanouir dans cette autre musique, c’est le principe d’un side-project. Le premier morceau « Momma Say » feat Blaqstarr (quelle coïncidence!) rassure. On peut qualifier leur genre d’électro-rap mais le titre up-tempo qui suit (« Metro » de Res) s’inscrit dans une veine dark disco en vogue dans les 80s, puis quelques tracks plus loin « LA Famous » avec ses synthés à la Eurythmics, « Bedroom Lights », le nineties « Girls on the Dancefloor remix »… Certains seront choqués par la tournure des choses, d’autres apprécieront ces nouveautés très diverses, et encore. Revenir à cette musique disco/synthpop typique des eighties n’est pas tellement une originalité, Death of the Party de Kudu sorti en 2005 est une référence en la matière. Autrement, il y a « Fyah » de Graph Nobel qui franchit la ligne jaune mais pour une ballade pop à la gratte, ça se laisse écouter tranquillou.

Party Robot est en partie axé pour les clubs. Des sons terribles comme « Screamin’ » feat MC Chris, « Party Robot » qui revisite l’électronic-beats, « Girls on the Dancefloor remix » (de la bonne dance music) et le sexy « Black Snake Moan » ont largement le potentiel pour faire monter la température sur les dancefloors. Des claps, des synthés, des rythmes dansants,… un mélange explosif. Aucun renseignement dispo sur les producteurs, mais comme ordre d’idée dans le style, je peux citer Spank Rock et DJ Kentaro. Talib abandonne son côté backpackers sur ces partystarters pour des textes plus légers et y développe en contrepartie des flows inédits pour se calquer sur les rythmiques. On a droit également à un freestyle sur le « How We Do It » de Busta produit par Dr Dre, un bon passage sur « Warship » samplant le célèbre « War » d’Edwin Starr, on l’aperçoit s’éclater sur un remix de Saul Williams… Enfin, cette curiosité qu’est « Brooklyn » avec Skyzoo, très étrange. Party Robot est inclassable, incroyablement moderne, déconcertant et visionnaire.

Si certains d’entre vous ont eu du mal, relativisez, ce n’est qu’une mixtape. Et vous saurez à quoi vous attendre sur un projet plus abouti.