L’histoire de Mark Ronson, elle peut se résumer à la description d’un Curriculum Vitae remarquable. Cet anglais féru de Hip Hop, Soul et Rock débute comme disc-jockey à New-York, avec quelques escales sporadiques à Milan et Paris pour animer des soirées chics (Gucci, etc…). Peu à peu, notoriété faisant, il devient une célébrité dans le milieu et se lance dans la production en 2003, avec son premier essai Here Comes The Fuzz, dont était extrait le super-tube « Ooh Wee », le morceau d’ouverture du film Honey (avec Jessica Alba et Mekhi Phyfer) et le début de la vraie aventure. L’ascension se poursuit lorsqu’il contribue au lancement de Saigon avec son street-album Warning Shots, signe Rhymefest sur son label AllIDo Records, collabore avec Christina Aguilera sur Back to Basics et clou du spectacle cette année 2007, Mark provoque le succès international de la chanteuse Amy Winehouse grâce aux singles « Rehab » et « You Know I’m No Good ».
Au sommet de la reconnaissance, Mark Ronson sort Version, qui n’est pas un ‘album de producteur’ à proprement parler mais un travail personnel qui consiste en la revisite d’un catalogue de chansons actuelles (de pop, rock et soul) en suivant sa propre conception de la musique. En plus de faire beats différents, il porte la casquette de chef d’orchestre de ce spectacle de prestidigitation où tout est joué en live, lui-même prouvant ses talents de musicien en tant que guitariste, bassiste et claviériste. Dès lors, il faut absolument faire abstraction dans nos esprits de la notion de ‘remix’, car d’une version originale on passe à une autre version… originale. Le « Oh My God » de Lily Allen et « The One And Only » de Robbie Williams sont transfigurés par les nouvelles compositions de Mark Ronson, toujours dans ce style rétro facilement reconnaissable, et « Valerie » de Amy Winehouse (avec ?uestlove des The Roots) paraît tout droit sorti d’un jukebox de l’époque des seventies. La palme du lifting le plus spectaculaire est décerné à « Toxic » de Britney Spears : le silicone a été entièrement retiré, les samples de violons ont été remplacés par des cuivres, bref tout ce qui faisait de ce morceau un tube bubble-gum interprété par une blonde écervelée. Au final, seuls subsistent les paroles, l’interprétation et quelques accords, et c’est Tiggers qui rechante ce morceau sur un fond de pop soul vintage, avec un effet d’anachronisme ajouté par un couplet posthume d’un grand crooner Hip Hop, Ol’ Dirty Bastard !
L’album dans sa globalité joue dans ce registre pop, soul et rock à l’ancienne, et à défaut de le répéter dans cette chronique, c’est parce que Version manque de variété intrinsèque, autrement dit : trop homogène. Ceci n’enlève en rien l’aspect créatif de ces transformations surprenantes, Mark Ronson possède la marque des grands producteurs, et de surcroît est implanté dans le même domaine d’influence qu’un Timbaland, dont il est l’antithèse stylistique. En attendant un véritable nouvel album, on sera attentif à l’évolution de Mark Ronson.
(chronique écrite 9 Aout 2007 sur Rap2K.com)
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