Lorsque Mike Shinoda a invité Jay-Z pour mixer ses chansons avec celles des Linkin Park, cela avait aboutit à l’EP ‘Collision Course’, qui fut une très mauvaise blague. Ce n’est pas sans appréhension que lorsque le rappeur/ guitariste du groupe de néométal a annoncé la sortie d’un album solo sous le nom de Fort Minor, qui plus est supervisé par Shawn Carter en personne, on se dit la bonne blague ! Certes Mike a tout à prouver en tant que grand amateur de hip hop tant bien au niveau lyrical que musical et ce n’est pas chose facile lorsque l’on part du mauvais pied. Ne considérons pas quand même trop vite ‘The Rising Tied’ comme un side-project cross-over, car ce serait une grossière erreur de partir avec autant d’à priori. Pour les plus sceptiques, vous pouvez cesser lecture de cette chronique dès maintenant et retrouver une activité normale. Les plus curieux…
Note : après avoir sorti un tel album, on aurait pu se voir profiler une belle carrière solo pour Mike. Mais bon, l’aventure Linkin Park a continué…
Quand on s’appelle Mike Shinoda et qu’on a vendu des millions de disques en compagnie des Linkin Park avec ‘Hybrid Theory’ et ‘Meteora’, plus un public à base de métalleux, pas évident de se faire une petite place dans le milieu assez fermé du rap. Et pourtant ! Ce n’est pas par hasard que Jay-Z soit le producteur éxécutif de ce premier essai de Fort Minor. Pas de traces non plus du chanteur du groupe Chester, dont ses prestations vocales puissantes lui donne des airs de vieux constipés. Bref, Mike réalise à lui seul l’intégralité de ‘The Rising Tied’, avec un certain talent d’ailleurs en ce qui concerne la production, grâce à des beats (parfois inspiré par Timbaland) et des mélodies principalement de pianos (souvent mélancoliques comme sur « Where’d You Go » et « The Hard Way* »), violons (orchestrés par le père de Beck) ou de synthétiseurs. Et puis moins étonnant, quelques influences rock (« Red To Black »).
Ce qui a de bien sur ‘The Rising Tied’, c’est la fraîcheur et le travail qui se dégage de par les sonorités assez épurées, mais non sans sophistications, et puis des sujets qui s’éloignent du gangsta rap et bling bling habituel pour ne retrouver que l’essentiel à l’image du single « Petrified », « In Stereo » et le bounce « There They Go* ». Tak et Ryu des Styles Of Beyond assurent aux côtés de Mike Shinoda sur le tiers de l’album, tandis que d’autres invités plus prestigieux trouvent leurs marques : Black Thought des The Roots, Kenna (un proche des The Neptunes), John Legend en renfort vocal sur « High Road », mais aussi Common sur « Back Home » et son sample de blues. Quant aux performances de Mike Shinoda, elles valent bien plus que la moyenne honnêtement. Pour s’en convaincre, il suffira de se passer « Cigarettes » et « Be Somebody* » feat Lupe Fiasco. Autre chanson à ne pas manquer, « Kenji », un storytelling qui raconte l’histoire de son grand-père japonais.
Résultat, Mike Shinoda s’en sort très honorablement contre toute attente alors qu’on ne lui donnait pas cher de sa peau. ‘The Rising Tied’ de Fort Minor est un exercice de style personnel et gagne en succès d’estime à bien des égards. Et non ce n’est pas une blague mais un pied de nez.