L’histoire entre Marsha Ambrosius et Dr Dre a d’abord été celle d’un rendez-vous manqué. Dre avait approché la chanteuse de Liverpool et moitié des Floetry dans la seconde moitié des années 2000, en la signant sur Aftermath. Mais hormis quelques featurings, rien ne se passe et la chanteuse explore une carrière solo chez une autre maison de disque, comme pour tant d’autres artistes avant elle. Puis il s’est passé un truc, comme un déclic. En 2021, en plein COVID et en pleine procédure de divorce, Dr Dre est hospitalisé pour un anévrisme cérébral. Peu de temps après, il annonce avoir lancé un projet avec Marsha qui promettait d’être mirifique. Trois années de travail plus tard, voici le chef d’oeuvre Casablanco.
Difficile de ne pas être subjugué à la première écoute tellement le résultat est grandiose, sublissimo, provoque une telle excitation. Casablanco est plus qu’un album-spectacle, c’est une lettre d’amour au hip-hop et à la soul music. Immédiatement, le sample rejoué de « MC’s Act Like They Don’t Know » apparaît sur « Smoke » et l’on comprend tout de suite qu’on n’écoute pas un grand album de soul/r&b classique, mais un assemblage de grands classiques de la musique noire américaine. Le tout composé par Dr Dre, son équipe et de vrais orchestres (et parfois Marcus Miller à la basse!), pour une oeuvre cross-over ultime à la finition dorée de Dre et pratiquement semi-symphonique. Les « clins d’oreilles » bien appuyés au rap sont légion, avec Illmatic de Nas qui revient plusieurs fois, le Wu-Tang, « SpottieOttieDopaliscious » des Outkast… Des fois, j’étais comme un gamin en train de faire « là là là !!! j’ai reconnais !! ». Quand l’instrumental de « The Greatest » varie vers « The World Is Yours » de Nas, les poils se hérissent à chaque fois.
Le R&B fait partie de la fête à travers « All Night Long » de Mary J Blige, Al B Sure, le jazz aussi (Dizzie Gillesptie, Duke Ellington, Coltrane) et surtout la soul, où les références sont nombreuses, avec « In The Rain » des Dramatics, « Walk on By » d’Isaac Hayes, Earth Wind & Fire, Minnie Ripperton, Patrice Rushen, ainsi que multiples incursions dans la discographie de Stevie Wonder (« Too High », « Visions » admirablement utilisé et magnifié sur « Best I Could Find »). Jusqu’à ce bouquet final « Music of the Mind », avec name-droppings à l’appui et notamment ce passage où Marsha reprend du Patrice Rushen sur un beat inspiré de J Dilla… Presque versé une larme. Certains titres n’hésitent pas à les cumuler au point de nous rendre dingue comme « Thrill Her » (Notorious BIG, Michael Jackson). Et c’est ainsi sur douze merveilleuses chansons aux multiples variations.
Dr Dre aux baguettes et manettes, Marsha notre guide avec sa voix fantastique, un vrai florilège de vocalises, une reine capable de rapper sans prévenir avec une facilité déconcertante. Casablanco, la grande classe, du caviar, un pur plaisir, un grand ‘OUI ENCORE’. Difficile de retranscrire l’accumulation d’émotions à chaque écoute. Dire qu’on a failli passer à côté d’une telle oeuvre…
LA NOTE : 20/20.


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