Et si je vous disais qu’un des rookies de 2024 était un grand-père de 52 berges? ça vous en bouche un coin hein, moi aussi. Ce mec dont je parle c’est Chauncey Hollis senior, alias Big Hit, qui est le daron de Chauncey Hollis junior, plus connu sous le nom de Hit-Boy. Yes, le fameux producteur, entre autre de « Niggaz in Paris » et « Clique » de Jay-Z et vous-savez-qui. Plus deux trilogies avec Nas. On en sait peu sur ce Big Hit, si ce n’est qu’il est un membre de gang à la couleur du sang (Pyru) et qu’il sortait fraîchement de prison où il y a dormi neuf ans (au lieu de douze). Aussitôt à l’air libre, il a foncé en studio avec son rejeton et sorti coup sur coup The Truth Is In My Eyes fin 2023 et Paisley Dreams en collab’ avec The Game janvier 2024. Le tiercé se poursuit avec Black & Whites, en trio avec Alchemist, le nouveau pote d’Hit-Boy. C’est cet album-là qui nous intéresse pour faire connaissance avec Big Hit.
Si vous cherchez une ambiance bien westcoast avec ses synthés ensoleillés et tout le tralala, allez voir ailleurs. « Drug Tzar » annonce un album de gangsta-rap noir. Notez que Black est au singulier et Whites au pluriel, ça annonce déjà la non-couleur. Big Hit met d’entrée un énorme coup de pression et sa présence se fait bien pesante. On peut s’amuser à deviner qui d’Alchemist ou Hit-Boy produit telle ou telle track, mais à chaque fois le chef rouge tient tout le monde à carreau avec de subtiles menaces comme « Temperature Check » (soit très chaude, soit très froide, jamais tiède) et « Heartless ».. Vous voyez ma glotte qui déglutit? Quand un type pareil, qui a vu et vécu tant de choses violentes dans sa vie (pourquoi croyez vous qu’il a fait de la taule?), vous lance « Foreclosure » sur un sombre instru, vous mouftez pas durant l’écoute.
L’odeur aigre de la revanche salit (dans le bon sens du terme) des tracks avec un brin d’espoir comme « Count Your Blessings » et « Champion ». Oula qu’il est pas content le monsieur, tout ce ressentiment qui suinte dans ses rimes. L’ambiance étrange et grisante concoctée par Alchemist sur « Dirtball » fait disparaitre toutes les couleurs. Le fiston produit « Godfather pt2 » avec des notes de piano bien froides évoquant les anciennes productions de Dr Dre ou Scott Storch, prod que Big Hit fait l’honneur de partager avec Boldy James. Ses prods (comprenant « Black & Whites », « Only Weight I Feel ») sont moins ternes et ont plus de rondeur que celles d’Alchemist. Curieusement, ma préférée est « Sly, Slicked and Wicked », qu’aucun des deux produit. La choix du sample et la façon dont il est utilisé est carrément génial (surtout quand cette petite voix féminine conclut par « i don’t like you » comme si elle montrait du doigt).
Black and Whites s’achève par une réunion de famille avec la fille HitGirlLena sur « Gank Move », un son plus agréable qui dénote avec le reste. J’espère que vous ferez bien connaissance avec le père Big Hit et que vous avez une poignée de main solide et franche. Concernant Hit-Boy et Alchemist, ils restent concentrés dans cette période hyper-prolifique pour eux. Indéniablement un des albums marquants de 2024.
LA NOTE : 16,5/20


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