Y a-t-il besoin que je re-présente DaM-FunK, ce maître incontesté de la Funk californienne depuis la fin des années 2010? OK donc on va passer sur le résumé de Jay Worthy, le rappeur qui monte depuis une dizaine d’années sur la côte ouest. Soutenu par A$AP Yams de son vivant et Fool’s Gold, label d’A-Trak, son partenariat avec le producteur Sean House au sein du duo LNDN DRGS (qu’on devine la signification sans les voyelles) fera des émules avec la série de BURNOUT (qui compte 5 numéros au moment où est écrite cette chronique) et les compilations Affiliated. On devine aisément au fil de ces projets leur amour pour la musique des années 80 et le rap westcoast des années 90.
En dehors du groupe, Jay Worthy ne reste jamais vraiment ‘solo’. Managé par Griselda Records, il enregistre à partir des années 2010 beaucoup d’EPs ou albums collaboratifs, que ce soit avec G Perico, Harry Fraud, plusieurs Tonite Show avec DJ Fresh, T.F. & Budgie, et même ce bougre de Roc Marciano. Le principal reproche est que cela manque un peu de longueur ou d’intérêt malgré les effets d’annonce, comme ce 2 P’s in a Pod avec Larry June, trop tiède. De l’autre côté, le concept du 8-titres Two4Two m’a gentiment surpris, avec quelques originalités qui valaient leur pesant de cacahuètes. Mais si je devais retenir un projet commun marquant, c’est définitivement ce Magic Hour. Parce que l’association avec Dam-Funk a permis de réaliser une sorte de fantasme inédit pour Jay.
Comme je disais plus haut, Jay Worthy est un rappeur très nostalgique, à fond dans les années 80 et 90s, et ça se ressent dans le style de prods et de samples qu’il affectionne. Travailler avec Dam-Funk permet à la fois de créer des instrumentaux tout à fait originaux (quoique pas tout le temps comme on verra ensuite), tout en revenant à cette funk minimaliste et ambiante typiquement eighties, avec ces claviers luminescents et ces boîtes à rythmes. Une fusion rap-funk rétrofuturiste, comme ce fut le cas pour le projet 7 Days of Funk avec Snoop dix ans plus tôt. Magic Hour est un concentré de cette ‘L.A. lifestyle’ comme s’il roulait en 1988, à bord d’un coupé décapoté le long des avenues plantées de palmiers. C’est exactement à ça qu’invite « Westside » (avec le chanteur DRAM) et « 105 West » avec – attention les yeux et les oreilles – Ty Dolla Sign, la légende DJ Quik, la nouvelle coqueluche Channel Tres et les scratches d’A-Trak. Juste un peu dommage que la mélodie et le beat soit une variante d’un instru déjà connu de Dam-Funk depuis longtemps…
Dans cet ensemble très cohérent offrant d’agréables moments, on n’a qu’une seule envie : prendre sa voiture et niquer son bilan carbone (si on ne roule pas en électrique) avec des sons comme « Bounce » (avec une autre légende, Soopafly), « Caught Up », « Can’t Do That » et ce « Watch Your Tone » qui nous laisse scotché. Pas mal de douceur dans certaines partitions, conférant un côté r&b qui a toute sa place ici, tels que « Connected » et « Hearstop » avec Channel Tres (faut dire qu’il est très à la mode ce personnage). Naturellement, on aurait préféré que les seize morceaux durent plus longtemps pour gagner 20 minutes et atteindre l’heure promise dans le titre, ce qui aurait pu être possible vu la pléthore de guests et un peu plus d’effort d’écriture. On se contentera quand même de ces quarante minutes magiques, qui s’achèvent sur « Can’t Fade The Funk » qui s’affiche dans nos têtes comme un slogan clignotant comme un néon.
LA NOTE : 15,5/20
(CHRONIQUE ECRITE LE 23 Novembre 2025)


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