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Joey Bada$$ « 2000 » @@@


Alors que le monde commençait à retrouver une certaine liberté après les confinements et distanciations sociales, nous étions ravis de retrouver ces rappeurs appréciés comme si c’étaient des potes qu’on n’avait pas revu depuis un bail. Mais Joey Bada$$, lui, n’était déjà plus tout à fait le même garçon de nos souvenirs. Le rappeur de Brooklyn d’origine caribéenne, que l’on a découvert dans les années 2010 avec ses mixtapes sorties ‘fraîchement’ de la rue, passait maintenant à la télévision. Il a joué dans la série culte Mr Robot, Wu-Tang American Saga dans laquelle il incarnait Inspectah Deck dans la saison 1, ou même dans les pubs du parfum 1 Million de Paco Rabanne.

Alors quand Jo-Vaughn a annoncé l’intitulé de son troisième album, 2000, tout le monde a fait ’tilt’, repensant automatiquement à son indispensable mixtape 1999 sortie dix ans plus tôt, en 2012. Imaginez ensuite le niveau d’excitation qui grimpe d’un cran lorsqu’on aperçoit dans les crédits les noms de Chuck Strangers et Statik Selektah. Wah ! Puis l’album est sorti l’été 2022, le soufflé est aussitôt retombé, l’album listé, archivé sans laisser de souvenir mémorable. Je m’étais demandé si ce n’était pas encore un coup de ma mémoire sélective qui triait les moments de la période COVID. Alors vu que je relance le site, je me suis fixé comme objectif de revenir de temps à autres sur les albums passables ou qui m’ont profondément déplu, afin de comprendre pourquoi ça a été le cas, sans langue de bois.

Gros blocage pour commencer, quand je vois le nom de cette ordure de Diddy en featuring sur la première piste. Zapping. Ce n’est pas la meilleure façon de faire connaissance avec 2000. A l’époque certains faits avérés concernant Diddy étaient déjà connus, alors pourquoi continuer d’inviter ce sale type ? « Make Me Meel » calme peu la colère. La meilleure façon de se rattraper de cette erreur aurait immédiatement de nous ramener à cette époque Pro Era. Mais c’est du passé désormais, probablement ai-je été un peu naïf. Il faudra attendre « Brand New 911 » avec Westside Gunn et le boom-bap « Eulogy » pour retrouver un semblant de réminiscence de cette époque chérie. Pourtant, Statik s’est surpassé et livre des instrus plus haut de gamme que d’habitude, pour être en adéquation avec la nouvelle stature de Joey Bada$$ qui a dépassé le stade de jeune premier.

Trop beaux, trop jolis les samples, trop propres. C’est un peu le problème des productions paradoxalement. Evidemment, le rendu est très bon, comme c’est le cas de « Cruise Control » (avec cette mélodie rejouée au clavier de « Juicy Fruit » de MTume) et de « Survivors Guilt », dont les textes interpellent. Bien vu aussi la présence de Larry June sur « One of Us ». C’est pourtant logique de mettre un habillage moins street qu’auparavant pour Joey, qui semble avoir du mal à assumer d’avoir le cul entre deux chaises, entre le ‘bad’, le sale, et le ‘good’, le ‘clean’. Kirk Knight est aperçu sur le crédit de la prod de « Zipcodes » (qui fait partie de mon top3 des morceaux de l’album), mais les CJ Fly, Nyck Caution et consorts sont aux abonnés absents. L’ère Pro Era semble loin derrière.

Voilà peut-être les nombreuses raisons pour lesquelles 2000 de Joey Bada$$ loupe le coche, parce que des personnes comme moi s’attendaient à un retour aux sources, une ellipse tout du moins. Rha, et punaise, pourquoi avoir mis Chris Brown en featuring? ça suffit d’inviter les agresseurs, faut arrêter, sérieux. Cela commence à faire trop de faux pas sur un seul album.

LA NOTE : 12/20

(chronique écrite le 25 novembre 2025)

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