C’est rien de dire qu’Isaiah Rashad a pris son temps pour délivrer ce second opus The House is Burning. Cette pépite dénichée par le label TDE au milieu des années 2010 est comme ça, c’est son rythme, malgré la pression qu’est capable d’imposer son boss Top Dawg à ses artistes pour donner le meilleur d’eux-mêmes et rentabiliser au maximum l’univers artistique de ses poulains devenus des chevaux de course. Une fois n’est pas coutume, je me suis attardé sur la version ‘deluxe’ sous-titrée Homies Begged car elle prolonge parfaitement l’expérience d’écoute de la VO.
A quelques noms près, la production de l’album est laissée entre les mains de Kal Banx et Devin Malik, qui maintiennent une vibe incroyable dont les influences de Memphis sont clairement présentes et ça pendant toute l’heure d’écoute (les low-tempos « Headshots », « All Herb », « Hey Mista », le planant « Wat U Sed », « Chad », « THIB », le bonus « Deep Blue »…). Les titres, sans skip ni interludes superflus, secouent comme ils apaisent, et le flow flemmard d’Isaiah fait des merveilles. Cette impression sur certains morceaux qu’il s’est réveillé le matin à 15h totalement défoncé par l’alcool, la drogue, la weed et les plans cul les jours précédents, rappant allongé depuis son canapé comme s’il émergeait d’une giga cuite. C’est comme ça que j’ai découvert cet excité de Duke Deuce (que je connaissais absolument pas) et qui m’a limite traumatisé sur l’enivrant « Lay Wit Ya » (cette boucle qui retourne la tête), quand il débarque avec son « what da fuuuuuuck » et ses influences crunk. Purée, c’est qui ce mec? lol
La voix et le flow d’Isaiah Rashad ont un côté ASMR qui se marie idéalement avec le ronronnement des basses, ce qui contrebalance parfois avec la violence qu’il décrit dans ses lyrics. C’est à moitié surprenant, vu ses origines géographiques, de déceler aussi des influences bass music (« From the Garden » avec Lil Uzi Vert, « 9-3 Freestyle »). Les tracks se mêlant légèrement à la nusoul se fondent parfaitement dans le décor (« Score » avec une SZA en pleine renommée et 6lack) et « Geordan Favors » (qui ressemble à du Logic et 6ix). Le titre « RIP Young » était déjà un des titres incontournables de House is Burning dans sa version de base, et dans la version rallongée de ce deuxième album, s’ajoutent deux rappeurs de Memphis et non des moindres : Juicy J et Project Pat. « HB2U » parachève l’album en partant dans un autre trip sur la seconde partie du morceau, dans un mood John Lennon et Yoko Ono post-orgie hippie.
Qu’Isaiah Rashad ait réussi à réaliser un nouvel opus aussi marquant et vibrant que The Sun’s Tirade est déjà en soi une belle prouesse. « Issa viiiiibe » comme on dirait. C’est peut-être pour ça que je repense souvent à The House is Burning ou certains de ses morceaux encore des années après. En espérant qu’un troisième opus ne trainera pas trop…
LA NOTE : 18/20


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