Nous sommes nombreux à avoir a été déçus par le premier album de Theophilus London, en restant sur ce sentiment que Timez Are Weird these Days n’était qu’un essai libre surfant vaguement sur la mode des eighties. Notre fashion victim new-yorkaise récidive cette année, avec derrière lui, un certain Kanye West et un grand monsieur méconnu de la black music, Leon Ware. Résultat : Vibes reprend la même formule rap très branchouille de Theo, en bien mieux, avec une pointe de French Touch.
Theo persiste et signe avec son rap de discothèque aux motifs musicaux influencés par la new-wave, synthé-pop, disco, r&b-funk.
Kanye West, tout le monde connaît (la ménagère aussi), on ne va pas trop s’attarder sur le CV musical du rappeur-producteur égomaniaque. Leon Ware, malgré ses quarante années de carrière, n’est malheureusement pas aussi populaire. Cet apôtre du rhythm’n blues mâtiné de jazz-funk a collaboré avec les plus grands artistes de la planète, que ce soit Marvin Gaye, Isley Brothers ou Michael Jackson. Il a sorti un album chez Motown dans les années 70, est l’auteur du standard « Rockin’ You Eternally » au début des années 80 et a poursuivi sa carrière en tant que chanteur-compositeur jusqu’en 2008 avec Moon Rise paru chez Stax. C’est d’ailleurs cet immense artiste qui démarre l’album de Theophilus London avec « Water Me » et ses notes de synthé syncopées, une chanson très agréable pour bien commencer ce baptême.
Comme pour son premier opus, Vibes possède une empreinte musicale eighties très prononcée. On pensait qu’il ne s’agirait qu’un effet de mode, Theo persiste et signe avec son rap de discothèque aux motifs musicaux influencés par la new-wave, synthé-pop, disco, r&b-funk. En parlant de mode, c’est Karl Lagerfeld himself qui a shooté la photo de Theo sur la pochette. Pas étonnant que Kanye ait rappliqué sur cet album, lui aussi étant styliste à ses heures perdues… Pour l’anecdote, ce dernier a accepté le rôle de producteur exécutif après avoir entendu « Neu Law » en circulant dans les rues de Paris. On peut l’entendre rapper avec son flow ‘à l’ancienne’ sur « Can’t Stop My Love« , le genre morceau intimiste flouté par des vapeurs colorées. Parmi les autres collaborateurs de cet album, on trouve les français de Club Cheval et Brodinski qui produisent le single dansant « Tribe » (avec en featuring Jesse Boykins III, presque comme une évidence), le franco-allemand Peter Fox (un nom qui résonne sur la scène hip-hop reggae européenne), le canadien Adam Pavao pour la touche Future-pop, ou encore le producteur hip-hop 88-Keys.
Les douze titres nous emmèneront sans rechigner sur le dancefloor (« Heartbreaker« , « Need Somebody » qui parachève ce disque sur de bonnes vibes) tandis que « Do Girls« , qui raconte son accroche avec une femme lesbienne, nous plonge dans une ambiance plus dark. Tout du long, on vit à travers sa musique la vie d’un nightclub où le cocktail tendance se sert avec des coeurs en sucre dissous dans de la vodka. Le véritable finish se trouve en bonus track, ce slow-jam au groove mielleux « Figure It out » (avec la participation de Devonte Hynes de Blood Orange et les choeurs de Force MDs) composé par Leon Ware et Brodinski, un massage musical des plus sexy. Theophilus London s’est bien rattrapé pour le coup, on retire tout ce qu’on a pu dire avant.