Aloe Blacc « Good Things » @@@@


Personne n’a échappé à la ritournelle « I Need a Dollar », que ce soit à la radio ou à la télé. Le thème de la série How To Make It In America (dans laquelle joue Kid Cudi) est devenue plus qu’un tube accidentel, c’est un nouveau standard de la Soul. Les notes de piano et les instrumentations sont entêtantes, autour de laquelle son auteur le rappeur-devenu-chanteur Aloe Blacc nous partage l’histoire d’une personne qui perd tout au point de finir entre la bouteille et la corde, l’appel à l’aide de quelqu’un d’anonyme qui finit à la rue. Ce titre décrivant le contexte social cruel d’aujourd’hui n’est que le début d’un second album qui promet plein de bonnes choses…

Ce deuxième opus marque le début d’une belle histoire, aux antipodes de l’expérimental Shine Through sorti quatre ans auparavant. Je suis content d’observer que les artistes de chez Stones Throw engrangent un certain succès, après celui de Mayer Hawthorne. Aloe est même passé au Grand Journal et à la Block Party qui a eu lieu à Paris. C’est beau un succès quand il est mérité, en espérant qu’il en soit de même pour Good Things. Intemporel est le terme qui définit le mieux cet opus : est-ce qu’Aloe Blacc a fait du neuf avec de l’ancien ou de l’ancien avec neuf ? Sérieusement, peu importe. Peu importe si la guitare wah-wah de « Hey Brother » fait très seventies ou que les orgues soient omniprésents (« Green Light », la prière « Take Me Back »), c’est de la Soul music traditionnelle, ‘old fashioned’ si je puis dire, faussement néo-rétro.

Ce qui compte sur Good Things est la justesse du ton et des émotions véhiculées par notre élégant interprète, pour donner un sens à ses textes sobres et poignants. Dans ses écrits, Aloe Blacc montre comment il est si facile de sombrer dans la misère, qui peut survenir à n’importe quel moment de notre vie, et à l’inverse comment il est difficile pour quelqu’un survivant dans les classes sociales les plus basses de toucher des buts évidents pour toutes personnes, comme l’amour, l’argent, qu’il perçoit au féminin. Tantôt la femme devient la débauchée et traîtresse « Miss Fortune », tantôt fatale, touchant Aloe par une flèche en plein coeur. Y succède parfaitement « Loving You Is Killing Me », bien emmené par une batterie entraînante qui vaudrait bien des passages en airplay (s’il vous plaît sortez ce titre en single).

C’est après que tous les malheurs soient passés que l’on reprend goûts aux choses autours de soi et que le sourire revient, c’est là la morale de « Good Things », savoir apprécier ces moments où la situation s’arrange et s’accrocher. Comme dans un film mélancolique, l’émotion atteint son comble à la fin, quand Aloe Blacc chante les paroles de « Mama Hold My Hand ». On revoit avec lui notre mère, celle de nos souvenirs, on redevient enfant la durée de ce titre profondément triste et extrêmement troublant. Vu la peine que l’on ressent à travers toutes ses histoires et rêves brisés reflétant le marasme social actuel, on a bien envie de les échanger contre un euro pour chaque chansons que composent ce disque, pour qu’il ne s’arrête pas de chanter. Le genre d’album où l’on sort grandi.

3 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Nass' dit :

    A part If I et I Need A Dollar, le reste est désertique, aride, vide, sans émotions. Bref, rien ne transparait à l’écoute de cet album d’un point de vue émotionnel, un comble pour de la musique. Ce phénomène identique frappe Ben l’Oncle Soul misant un album sur les frêles épaules de singles imparables… C’est pas mauvais mais comment formuler le fond de ma pensée ? Ca manque de travail. Aloe Blacc survole sur les productions et les mélodies au lieu de les utiliser à bon escient. Cela crée dès lors un résultat intéressant mais transparent.

    A croire qu’aujourd’hui, les artistes sont incapables d’assurer sur l’endurance qu’exige un album.

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  2. Crazy Horus dit :

    Très bon album de soul vintage, mais qui reste pour moi très surcoté ! Laissons de côté les superlatifs ainsi que les comparaisons impertinentes avec le talent de Marvin Gaye et le côté social de Curtis Mayfield… Cet opus souffre quand même d’une macrocéphalie : un titre « I Need A Dollar » certes très connu, énorme, entêtant, mais qui supplante trop facilement les autres, à par peut être la magnifique reprise de « Femme Fatale » du Velvet. Le reste est loin d’être mauvais mais il y a un déséquilibre. Aloe est loin d’être un mauvais chanteur mais ce dernier n’a pas ce charisme vocal que possédait un Johnny Taylor ou un Joe Tex, sa palette expressive reste limitée. Une bonne sortie tout de même.
    @@@

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