Choisie pour son statut de diva de la Nusoul pour faire renaître le mythique label Stax en 2007 avec The Art of Love & War, la chanteuse commence l’année 2010 en fanfare avec son cinquième album studio, Unexpected. À la regarder sur la pochette chevauchant un chopper, Angie Stone paraît physiquement plus sexy et resplendissante qu’autrefois, tout comme cet opus aux teintes funky bienvenues parmi d’autres petites choses plus inattendues… Comme du chocolat qui nous fait de l’oeil, il est terriblement difficile de résister à son charme accru.
Je confesse qu’avant d’avoir lancé la lecture de Unexpected, j’ai eu petite hésitation : depuis quelques temps, j’ai comme cette peur psychologique d’être frustré vu comment la musique r&b tourne mal depuis un bon bout de temps. A force d’écouter des albums déchirants de tristesse ou quand la Soul perd de son groove en devenant trop synthétique, à un moment donné on finit par se méfier. Je ne sais pas vous mais je ne manifeste plus réellement d’engouement pour le r&b ou la Soul en général, c’est devenu froid et insipide. Soit j’avais envie de jeter le CD par la fenêtre, soit passer par-dessus la fenêtre du 3e.
Des craintes qui s’estompent immédiatement face au groove infectieux dès l’intro. La chaleur de la voix d’Angie héritée du gospel réveille en nous un feu intérieur et fait grimper la température corporelle, et notre taux d’hormones un peu. Unexpectedprend à contre-pied la tendance larmoyante et neutre pour se rediriger vers quelque chose de plus rythmé et funky avec « I Ain’t Hearin’ You ». Quoique j’ai parlé un peu vite car « Free » (co-produit par Jazze Pha) s’assortit de pianos mélancoliques, le genre de chanson qui passerait facilement en airplay et qui donne le bourdon comme une froide journée de pluie. Des sentiments pas agréables qui s’effacent la chanson suivante (« Maybe »), un slow r&b plus traditionnel, suivi du très cool « Hey Mr DJ ». Enfin un midtempo laid-back destiné aux dancefloors sans avoir besoin d’être saturés en synthétiseurs et grosses basses.
Les minutes qui suivent deviennent plus sensuelles et douces, plus calmes jusqu’à ce que l’impensable se produise : Angie Stone utilise de l’au… aut….auto….autot…une sur « Tell Me ». Sacrilège. On venait de passer dix minutes tranquilles et soyeuses, et il a fallu que cet ustensile vienne tout foirer. Où est son A&R qu’on lui pète sa gueule??? Trente secondes plus tard, irrité, je passe systématiquement au morceau suivant. Retour au sujet, retour au calme : « Think Sometimes », sublime avec son sample soulful et ses choeurs. La faute est aussitôt oubliée, pfuit, d’un coup de baguette magique. « Think Sometimes » est peut-être le plus beau morceau de Unexpected, qui avant de s’achever par une outro, nous gratifie d’un bon titre gospel : « Keeper ».
A une heure où la soul/r&b se frotte tendancieusement contre la pop ou la dance, où les chanteuses nous dépriment avec leurs histoires d’amour qui finissent en coups de déprimes, Unexpected fait du bien, et pas qu’au moral. On lui pardonnera les deux erreurs de parcours de cet album, Angie est en forme(s), radieuse et heureuse, et ça se voit.

Postez vos avis!