Il y a des divinités parmi le monde de la musique, des personnalités rares et incontournables qui inspirent un respect si immense que chacunes de leurs oeuvres sont accueillies comme une offrande pour le peuple, où chaque apparitions est vécue comme une bénédiction, un moment unique. Ce culte n’a nul besoin d’être justifié lorsqu’on parle d’une personnalité souveraine telle que Sade Adu, dont le timbre de voix velouté et épicé à la fois et sa beauté ont traversé les décennies et s’embellissent avec l’âge, 52 Hivers cette année. La voilà qu’elle revient après dix longues années de silence avec Soldier of Love, comme si elle nous avait quitté la veille. Chut, la lecture est lancée…

C’est incroyable, j’écoute passivement cet opus sans pouvoir faire un seul commentaire. Pas non plus bouche-bée mais la charge émotionnelle est forte, les textes sont bouleversants. Comme la pochette, l’atmosphère est triste, maussade, ce qui accentue davantage cette amertume dans la voix de Sade. C’est… je ne sais pas. Je ne pense qu’il soit opportun d’émettre un avis ou quelconque commentaires. Ces dix chansons, aussi magnifiques soient-elles, ont un impact psychique sensible sur le moral, en le tirant vers le bas. Et parce que chacun d’entre nous répond différemment à toutes ces nouvelles créations, pouvant frôler la dépression pour certaines d’entre elles, on a tous un rapport très personnel, intime pour d’autres, avec Soldier of Love. Qu’on partage nos impressions ou pas ne concerne que nous. En tout cas très peu de gens qui écouteront cet album y resteront insensibles tellement il touche profondément les coeurs et les tripes, sans douleur.

C’est… c’est très troublant ! Je suis totalement désemparé (c’est le mot que je cherchais). Après… les goûts et les couleurs. Disons que le climat ambiant et grisant reflète l’état dans lequel vit notre monde, où l’amour doit se jeter dans la bataille pour que les gens puissent retrouver un peu de bon sens. J’en connais beaucoup qui n’aiment pas laisser transparaître leurs émotions, ou n’aiment pas simplement qu’elles soient provoquées pour éviter d’affecter notre état psychologique, et pour cela, prennent leurs distances. Malheureusement, c’est aussi mon cas.

La note que j’ai attribué ne regarde que moi.