Quels doux moments on avait passé en compagnie Corinne Bailey Rae avec son premier album… Halala… on se sentait paisible, heureux, comme dans les bras de l’être aimé, c’étaient des instants magiques de plénitude. Lorsque j’ai appris le décès de son mari, foudroyé par une overdose, j’ai été horrifié pour elle et terriblement touché. J’étais vraiment inquiet, je me demandais comment elle allait surmonter cette épreuve infiniment douloureuse, pourquoi ce petit bout de femme si gentille, tellement innocente et si talentueuse a-t-elle subi un tel châtiment. C’est injuste. Navré pour cet étalage d’émotions, mais un tel événement est cruel. L’arrivée de ce second album, The Sea, deux ans après le décès de son époux, tient du miracle. Il mérite une attention toute particulière.
Cette oeuvre commence par une chanson très solennel, « Are You Here », comme pour appeler l’esprit de Jason Rae. Cette chanson très personnelle et d’une tristesse absolue nous donne l’impression que Corinne a pleuré toutes les larmes de son coeur, on le sent perceptiblement dans sa voix, c’en est extrêmement troublant et désarmant. Mais… la vie continue et la jeune anglaise n’a pas sombré, elle repart de zéro avec « I’ll Do It All Again » et « Feels Like The First Time ». Corinne revit, elle a trouvé les ressources en elle pour panser sa cicatrice qui ne s’effacera jamais, elle se remet à croire en l’amour. J’avais peur de ne plus revivre ces instants de bonheur et de tendresse, mais mes craintes se sont dissipées lorsque j’ai retrouvé le sourire en écoutant avec le même émerveillement « Closer », où elle ouvre son coeur à un nouvel homme, et « Paris Nights/New-York Mornings » très divertissant. Plus étonnant, ce « Blackest Lily » qui ne manque de pas de rythme. Puis, quel bienfait cette soul/folk si calme et reposante, comme « Diving for Hearts », « Love’s On Its Way »… Il y a une pointe d’amertume dans son ton qui fait surface de temps à autre le long de The Sea, sûrement cette blessure difficile à dissimuler. Il faudra encore du temps pour qu’elle disparaisse, certainement pas complètement j’imagine.
Je suis admiratif face à Corinne Bailey Rae, de voir comment elle s’est accrochée à la vie, comment elle a trouvé ce feu intérieur pour livrer un second album somptueux. Elle est devenue encore plus attachante qu’autrefois, on a envie de la prendre dans nos bras, de l’entendre chanter sans arrêt. Très affectueusement.

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