Ice Cube « The Predator » @@@@½©


Le « négro que l’on aime détester » Oshea Jackson alias Ice Cube avait semble-t-il franchi le seuil critique avec ‘AmeriKKKa’s Most Wanted‘ en 1991. Beaucoup de détracteurs lui imputaient le fait que cet album était l’une des étincelles qui auraient provoqué les fameuses émeutes de 92 à L.A.. C’est dans ce contexte brûlant que le ‘boy in da hood’ qui a de l’attitude enfonça le clou avec ‘The Predator‘, toujours aussi engagé socialement et politiquement.

Ennemi public numéro 1 du paysage Westcoast, autant que les Public Enemy de l’autre côté des States, Ice Cube mordait avec ‘The Predator‘ là où ça fait mal, tout en vomissant de l’acide sur les engrenages socio-politiques et autres sujets très sensibles puisque la question raciale était au centre des débats. Autant dire qu’il était à cheval entre le rap gangsta et le rap conscient, le mélange des deux est inflammable, un vrai cocktail molotov. C’était un mois avant que les superstars Snoop Dogg et Dr Dre ne lui fassent de l’ombre avec The Chronic et un an après le chant du cygne des N.W.A. (dont Ice Cube s’était dissocié bien des années auparavant) avec leur Efil4zaggin. Mais à côté d’eux, le rap d’Ice Cube était bien plus chaud à encaisser de part la portée de son message, la force brute des mots sans doute couplée à une vision plus affutée qui regarde au-délà des simples histoires de gang et d’herbe. À lui seul il a embrasé toute la côte ouest autour de l’année 1990 et quiconque se frottait d’un peu trop près contre lui risquait l’immolation.

Le morceau phare de ‘The Predator‘ est naturellement « It Was A Good Day« , ballade urbaine ironiquement agréable d’une journée ordinaire au volant d’une lolo roulant sur le tarmac fondant des rues de Compton, sur un sample de « Footstep in the Dark » des Isley Brothers. Cette chanson est sans doute le plus grand classique de Cube. L’ambiance de ‘The Predator‘ est paradoxalement funky, aujourd’hui on dirait que c’est old school, mais les plus anglophones d’entre nous seront bien plus attentifs aux fictions comme « Gangsta Fairytale 2 » ou à ses redoutables crachats venimeux (« When Will They Shoot » qui blessera les critiques, « Who Got The Camera?« ), le tout maintenu par son flow coléreux légendaire qui laisse l’auditeur constamment en alerte. Respect. À la production, des noms reconnus aujourd’hui comme DJ Pooh et Sir Jinx. Il y a même DJ Muggs qui produit « We Had to Tear This Mothafucka Up » et « Now I Get Wit Cha« , c’était avant le beef avec les Cypress Hill…

Le remix de « Check Yourself » sur la version remasterisée reprenant l’instrumental anthologique de « The Message » de Grandmaster Flash fait figure d’hommage, mais l’original avec Das EFX est tout autant anthologique, sans parler de « Wicked » évidemment. « Say Hi To The Bad Guy » reste sur la lancée de « That Nigga You Love To Hate« , mais tout aussi dangereux. Tout ça pour dire que ‘The Predator‘ n’est pas pour les petites natures. Ice Cube garde plus que jamais la gangsta attitude qui fait sa réputation depuis ses débuts avec les N.W.A. et cette propension à dire des choses, avec la manière de le dire, que personne n’osait. Hautement recommandé.

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