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Freddie Gibbs & Alchemist « Alfredo » @@@@¼


Vous vous rappelez de ce moment d’excitation qu’on a vécu lorsque les deux protagonistes avaient lancé les précommandes d’Alfredo sur Twitter quelques semaines avant la diffusion de l’album? Moi si, très maline cette promo. Une année après le Bandana avec Madlib qui a récolté de jolis suffrages, Freddie Gibbs s’est donc associé à un autre malfrat californien dont la réputation d’expert en chimie n’est plus à faire, et avec qui il avait déjà réalisé des transactions notables en 2018 (Fetti avec Curren$y). Al, pour Alchemist, -Fredo, pour Freddie. Alfredo est aussi le nom d’un plat de pâtes à base de fettucine avec sauce au beurre et parmesan, d’où l’artwork, qui fait aussi référence au film culte Le Parrain.

« Check-check » et c’est ti-par avec « 1985 », qui pourrait situer l’année des oeuvres samplées sur cette oeuvre d’une grosse demie-heure. Top chrono avec le flow semi-automatique de Freddie Gibbs qui crache des rimes comme des balles. Son attitude létale tranche littéralement avec le calme des instrumentaux servis par Alchemist, l’exemple parfait étant « Scottie Beam » avec Rick Ross (dans son élément vu le contexte), particulièrement son refrain empli de vengeance et de pensées meurtrières. Vraiment très calmes ces ambiances mafieuses comme « Look At Me » et « Babies & Fools », ce qui ressort incroyablement la nervosité communicative de Fredo. La seule exception serait « Frank Lucas » (du nom du célèbre traffiquant de drogue) en compagnie de Benny The Butcher, avec son beat très froid. Et également « Baby $hit » qui lorgne du côté trap mais pas trop. A noter aussi la présence d’un autre membre de la clique Griselda, Conway The Machine, sur « Babies & Fools ».

Freddie se voit en un « Skinny Suge », et vu sa réputation, personne n’ira lui chercher des noises, sous peine de se faire afficher comme un malheureux cuisinier du dimanche qui mettrait de la crème fraiche dans ses tagliatelles à la carbonara. Si on rajoute à cela le superbe « Something To Rap About », avec le sample ré-accéléré pendant le gros couplet de Tyler the Creator, on caresse la perfection. Le léger hic, c’est la durée de ce projet, pas de rab pour les plus affamés, et un certain manque d’originalité, chacun des deux étant cantonné dans sa spécialité, mais des spécialités brillamment mises en commun.

Alfredo a fini sans réelle surprise dans les tops rap des auditeurs rap US de l’années 2020, mais ce plébiscite a été tel que des journaux comme The Gardian, le New-Yorker, Complex, Billboard, Pitchfork, Exclaim!, The Fader, etc. l’ont classé dans leurs tops annuels. Bien placé aussi dans le Billboard 200 à sa sortie, réalisant le meilleur classement pour Alchemist et Freddie Gibbs de leurs carrières respectives (15/200). Et en prime, une nomination aux Grammy Awards catégorie Best Rap Album s’il-vous-plaît!

Cinq après sa sortie, on se lèche encore les doigts en écoutant le choix d’instrumentaux que Freddie a opté pour Alfredo. Mais étant donné que j’ai davantage préféré ceux de The Great Escape avec Larry June, et que j’avoue avoir développé une certaine lassitude pour les instrus dits ‘drumless’ (sans caisse), je revois une chouille la note à la baisse par rapport à ce que j’aurai mis à sa sortie (4,5/5 soit 18/20).

LA NOTE : 17/20

(chronique écrite le 19 NOvembre 2025)

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