Dans le sillon de Smino, qui nous a récemment époustouflé avec NOIR, suit le jeune Bari (à ne pas confondre avec A$AP Bari) qui vient de lancer son premier album -je crois- intitulé MSTRGLSS via le label Zero Fatigue. Ce n’est pas aussi fantastique que l’album de Smino mais ce projet est un indicateur d’une rare fraîcheur de l’état de l’art du rap contemporain.

D’une durée de quarante minutes et ne comptant sur aucun featuring, Bari le ‘mister glass’ porte fièrement son style et ses couleurs sans donner l’impression de trop en faire. Sa manière de rapper, avec ad-libs, pas mal de répétitions à clefs, du mumble rap-type qui achève les rimes par des onomatopées (« EYA« ), est contrebalancée par des pistes courtes, question de savant dosage. Tantôt dynamique, tantôt « RELAX » (et mmmh « CARESS« …), Bari cadence son débit à sa guise sur les tempos composés par Prodxvzn et surtout ce petit génie Monte Booker qui fut une des révélations de NOIR de Smino. Ce gars-là a semble-t-il Timbaland comme maître spirituel, ça s’entend à écouter la façon dont il joue des bruitages et sonorités atypiques avec spontanéité et mesure, et les beats qui se décalent des schémas habituels. Son travail est tout bonnement remarquable, et associé au flow de Bari, ça donne un côté vivifiant à l’écoute

MSTRGLSS n’est pas un énorme coup de coeur, cependant la came est assurément bonne. L’ensemble très cohérent, quoique trop répétitif par instants, est d’une fraîcheur presque nouvelle et un excellent indicateur de la modernité du rap en 2019. Le développement de Bari sera à suivre de près, et celui de Monte Booker également.