Il y a toujours de la magie dans l’air quand les Hocus Pocus dévoilent de nouveaux tours. La troupe nantaise viennent de mettre au point leur quatrième acte, un puzzle hip-hop/jazz composé de 16 Pièces, en améliorant un peu plus la même formule qui a fait leurs précédents succès. Petits et grands, b-boys et amateurs de chansons à texte sont conviés pour ce spectacle audio taillé pour la scène.
Lever de rideau, 20Syl et sa bande entament « Beautiful Losers » aux côtés de madame Alice Russel. Le charme agit immédiatement, comme une redécouverte. On est content de pouvoir les retrouver, comme si on avait écouté 73 Touches ou Place 54 la veille. Aussitôt après, les briquets s’allument sur « 25/06 », jour où la planète entière venait de perdre un Dieu de la Musique, j’ai nommé Michael Jackson. La façon dont 20Syl appréhende ce vibrant hommage est particulière, en tant que simple spectateur d’un cirque médiatique autour de la mort du King of Pop. La superbe mélodie de piano, sublime réinterprétation de « What is Love » de Vivian Green, amplifie les émotions : tristesse, frustration, incompréhension,… tout y passe.
« A mi-chemin », première pièce de cet album dévoilée au public fin 2009, marque le passage des HP à l’étape supérieure en collaborant avec le grand ponte du rap français : Akhenaton. Cet aboutissement semble moins grandiose en pratique bien que le niveau soit élevé. Un autre grand monsieur du rap fait une apparition aussi remarquable que remarquée, qui n’est autre que le vainqueur des Victoires de la Musique catégorie musiques urbaines, j’ai nommé Oxmo Puccino. Avec ses paroles pleines de poésie, Oxmo apporte véritablement son expertise sur la chanson rap « Equilibre ». C’est dire la considération que portent ces artistes pour nos troubadours hip-hop.
20Syl est un MC aux propos intelligents, doté d’une dextérité verbale et d’un flow net et sans bavure, et en plus de ça, un beatmaker d’exception lorsqu’il se met derrière les machines pour « WO:OO », « Papa? » ou alors l’excellent « Signe des temps », qui renouvelle pour la troisième fois consécutive leur coopération transatlantique avec les Procussions (puis avec Stro seul sur « I Wanna Know »). La soulstress frenchie Elodie Rama, elle aussi une habituée, participe sur le succulent hip-hop soul/jazz « Portrait », assaisonné de pianos, sax… Quelle voix de velours elle a… La connexion entre Sylvain et les C2C est toujours d’actualité puisque chacun des DJs (DJ Greem, DJ Atom, DJ Pfel) sur trois outro.
Beaucoup de points positifs vernis par une qualité irréprochable qui sont contrebalancés par un défaut de taille : Les Hocus Pocus ne se sont permis aucun risque pour ce 16 pièces, employant les mêmes ritournelles mi-beat hip-hop, mi-acoustique, et sujets : des critiques bien placées sur l’actualité des médias, de petits coups de gueules (« Le Majeur qui me démange »), quelques réflexions sur le soi (« Marc » featuring Gwen Delabar, « A mi-chemin »), des hommages, une dose de dérision (cette « Putain de mélodie » qui reste collée dans le crâne, tout le monde a vécu ça) et de sourires quand on écoute le refrain de « Papa? ». Même pas d’un petit garçon se prénommant Michael alors?
Et puis, est-ce un mal de trouver cet opus un peu trop raffiné, un peu trop sage, un peu gentil, « élitiste », un peu trop naturel, un peu variet’ ? C’est clair que c’est pas du rap pour bad boy. Enfin bon, qu’ils restent comme ils sont, c’est comme ça qu’on les kiffe les Hocus Pocus.

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