J’ai découvert The KnuX par hasard par le biais de leur clip « Cappuccino », et ce qui m’a frappé chez Rah Al Millio et Krispy Kream, c’est leur look très caractérisique: montures épaisses, jeans slim, Converse noires, T-Shirt taille L et vestes en cuir. Peu après, j’écrivais mon dossier sur les hipsters dont il sont associés (cliquez ici pour en savoir plus), une nouvelle mouvance hip-hop – dite hipster-hop – furieusement trendy et qui commence à faire son effet au travers de mecs comme les Cool Kids, Kid Cudi fraîchement signé sur le label de Kanye West et Charles Hamilton qui ‘hamiltonise’ carrément le marché des mixtapes.

En faisant ma petite revue de presse habituelle pour me documenter un peu plus sur ce duo de frangins, je tombe sur un article de Remo et Bobby sur leur (super) blog Good Music Mall (très bon résumé à lire ici) qui décrit parfaitement ce que je pensais de leur album une fois l’avoir importé des Etats-Unis à mon domicile. Remind me in 3 Days…, c’est le titre, possède un son hybride entre hip-hop old school, sonorités électroniques d’origines synthpop pour entrer dans la mode eigthies en vogue et un brin de rock indé. Pour info, les KnuX sont signés chez Interscope et sont managés par un certain Paul Rosenberg, le manager d’Eminem.

Les KnuX est un peu un métissage sensationnel entre des Beastie Boys black et des Outkast rockeurs. D’ailleurs un des deux frères possède un style de flow comparable à celui de Big Boi. Après, dur de les classer correctement dans la case adéquate, Hip-Hop sûrement vu qu’ils rappent mais au rayon ‘sans étiquettes’. Remo et Bobby citaient les N.E.R.D. et Gym Class Heroes pour se repérer, ce qui n’est pas faux du tout quand on regarde dans la catégorie ‘alternatif’, à condition de voir ça sous un angle plus black music, plus dans la démarche des Lupe Fiasco et Kidz in the Hall, ou du Will.I.Am plus énervé et viril. N’allez en revanche pas confondre ce qu’ils font avec des trucs pop/rock bubble-gum comme « Shut Up And Drive » de Rihanna, je parle de putain de bon rock moi ! un brin libertaire et insolent. Il n’y a qu’à vous passer « Roxxanne » (non ce n’est pas une reprise de Police), leur terrible « Bang! Bang! » ou alors « Playboys » pour vous en convaincre. Et ce n’est pas parce qu’ils se sappent en jeans serrés qu’ils font de la musique de tarlouze, les riffs et les basses sont lourds, comme sur leur extrait « Cappuccino », avec une mousse à la crème pour adoucir la caféine, ou ce sont les synthés bourdonnants qui apportent cette impression de lourdeur comme avec « Shine Again ». Ils possèdent aussi un côté Pharcyde très cool mais que l’on retrouve que sur de rares titres tel que « F!RE ».

Ça ne choque quasi plus personne d’entendre des gars rapper sur des beats électroniques super en vogue, on trouverait ça même naturel en écoutant « The Train », « Powder Room » et « Light Camera Action ». Leurs refrains sont super bien foutus et ‘catchys’, chantés pour la plupart, et globalement, Remind me in 3 Days est fichtrement bien produit. C’est les KnuX eux-mêmes qui s’occupent de tout, les prods, les instruments, les claviers, les textes bourrés de métaphores. Je ne sais pas ce qu’en penserait Chuck Berry de ces jeunes frères, il y aurait un conflit de génération. Peut-être qu’il garderait son dévolu sur Lenny Kravitz, beaucoup plus traditionnel. Les KnuX obéissent à des nouveaux codes, ce sont des purs produits de notre génération, les ‘80s babies’ comme on dit aujourd’hui. Il n’est plus question d’être à cheval entre deux ou trois genres musicaux apparus au début des années 80, mais d’être le fruit de cette synthèse pour aboutir à ce produit extrêmement moderne et peu conventionnel malgré leur forte accessibilité. C’est à vous d’en décider après de ce que vous en pensez de ce disque, question de goûts et d’affinités. 

Remind me in 3 Days me laissera sans doute un souvenir durable, en tout cas beaucoup plus que trois jours. D’abord il faudra que j’arrête de l’écouter pour voir ce que j’en garderai comme souvenir. Je sens que c’est le genre de disque que l’on ne passera pas en boucle sans arrêt mais qu’on peut ressortir une fois de temps en temps dans un mois, deux mois, trois mois, un an ou deux et de l’écouter avec les mêmes oreilles que la première fois, tout comme les premiers albums des NERD. Quand on se reconnaît dans une musique, on peut y vouer un certain culte. C’est mon cas concernant les Knux, et le mouvement hipster-hop en général. Comme je le disais, c’est de notre génération.