Ma rencontre avec Duffy fut accidentelle. J’étais en voiture, ma copine alluma la radio et il y avait une musique soul rétro qui passait, avec des orgues un peu yéyé et des sonorités 60s, avec une fille qui beuglait de sa voix aigre-douce « meuuurcy ». Je me suis dit « ah, pas trop mal quand même ». Puis on s’est mis à l’entendre de plus en plus souvent sur les ondes, de mon côté, j’ai lisais ça et là que c’était la « Amy Winehouse blonde », et ça nous a un peu saoulé tout ce tapage, du coup à chaque fois que son morceau passait, on changeait systématiquement de station jusqu’à ce qu’ils nous passent un autre extrait, le doucereux « Serious », bien plus agréable à l’oreille. D’abord pour remettre les choses au  point, Duffy n’est pas une « Amy Winehouse blonde » juste parce qu’elle se retrouve dans un courant soul vintage à la mode le temps de son single « Mercy ». Elle n’est que blonde dans l’histoire, ça se voit, et elle n’a pas le quart du talent et du charisme d’Amy (et je suis gentil), idem pour l’autre révélation Adèle que la presse s’est empressée de cataloguer de « nouvelle Amy Winehouse » pour enterrer précocement ma chanteuse toxicomane favorite harcelée par les paparazzis. Le seul point commun entre elles trois, au-delà du métier de chanteuse, c’est qu’elles sont anglaises et ça s’arrête là. Par hasard, je trouve son album Rockferry au domicile parental. Ni une ni deux, je rippe le CD en 2 minutes sur iTunes et le garde au chaud sur l’ordi pour me faire un avis plus tard, par curiosité. 

Une dizaine de titres, durée relativement courte (moins de quarante minutes en tout), la petite galloise va avoir fort à faire pour me convaincre plus que ce que j’ai pu entendre répétitivement. Pour être bref et franc, je ne vais pas m’attarder à discuter des chansons et les disséquer une par une pour traquer la moindre des imperfections et des qualités imperceptibles, je m’en tiendrai simplement à un commentaire personnel argumenté. Duffy chante vraiment bien et juste, elle a effectivement un grain de voix old school qui se marie à merveille avec des compositions d’une autre époque quand elle l’adoucit comme il faut; un timbre un peu aigre par moments comme je l’ai préalablement remarqué sur son extrait, et des fois on dirait qu’elle a du mal à tenir la même note plus de deux secondes. Ce n’est pas vraiment un handicap vu qu’elle a un don inné pour le chant mais ça reste un détail à améliorer. Ce que je peux toutefois d’ores et déjà confirmer, c’est que, pour ma part, Duffy fait plus de la pop/soul à l’ancienne que de la soul revisitée, la musique fait penser à de la très bonne variété d’antan, au sens majestueux du terme, avec des gènes folk et blues. De plus, les textes sont très classiques, ce qui me conforte dans cette idée. Tout ça pour dire que j’ai apprécié Rockferry à sa juste valeur (CF ma note), et que sans vouloir paraître têtu, je ne retire pas ce que j’ai dit au départ au sujet de la comparaison avec la référence Amy Winehouse. C’est nettement plus préférable que la nouvelle star anglaise Leona Lewis cataloguée par erreur (et pour des raisons stratégie marketing j’imagine) au rayon r&b, où vous pourrez y retrouver Shine, l’album d’Estelle que je conseille vivement.